1867 - 1890

1867

Biographie

Käthe Schmidt à 5 ans, 1872, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz, née Schmidt, vient au monde le 8 juillet 1867 à Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad) en Prusse Orientale. Elle est le cinquième enfant de Carl Schmidt (1825-1898) et Katharina Schmidt, née Rupp (1837-1925).

Son développement personnel doit énormément à son père, à son frère Konrad Schmidt (1863-1932) et aux personnalités de la Communauté protestante libre de Königsberg, fondée par son grand-père maternel Julius Rupp (1809-1884).

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Julius Rupp (1809 - 1884), vers 1860, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Julius Rupp (1809–1884)
Son grand-père, théologien et politicien libéral de Königsberg, enseignant et pasteur, défend la liberté d'enseignement et de conscience. Il rejette la dépendance de l'Église vis-à-vis de l’État, ainsi que les obligations en matière de pratique de la foi et les rigidités symboliques. Pour cette raison il perd son ministère en 1845 et fonde en 1846 à Königsberg la première Communauté protestante libre d’Allemagne; une communauté religieuse au sein de laquelle tous les membres, y compris les femmes, ont le droit de vote. Elle ne professe aucun credo commun, puisque Rupp préconise la liberté de conscience inconditionnelle et la libre autodétermination morale et religieuse de l’individu, associée à la recherche de la connaissance de soi et de la vérité.

En 1848, Julius Rupp prononce un discours sur les victimes de la révolution de mars qui fait sensation dans toute l’Allemagne. En 1849, il est élu au parlement prussien en tant qu’indépendant, puis en 1862/63 comme membre du Parti progressiste.

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Même si je croyais que la force de la religion de mon grand-père ne survivait pas en moi, au moins je conservais la piété de son enseignement, de sa personne et l'image d’une communauté soudée. Je tiens à dire que j’avais le sentiment [...] de descendre aussi bien de mon grand-père que de mon père. Très proche du père parce qu’il représentait pour moi la voie vers le socialisme, un socialisme compris comme cette fraternité des hommes tant espérée. Mais en arrière-plan se tenait Rupp, la figure d’une relation [...] à Dieu. L’homme religieux.«
Käthe Kollwitz, lettre à Arthur Bonus, 1924, dans: Bonus-Jeep, Sechzig Jahre Freundschaft

Carl Schmidt (1825-1898) avec sa femme Katharina Schmidt, née Rupp (1837-1925), vers 1858, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Carl Schmidt (1825–1898)
Le père, républicain de conviction, a étudié le droit et, pendant la révolution de 1848, a tenté de se joindre à la lutte pour la liberté en Hongrie. En 1853, il est forcé d’abandonner sa carrière juridique en raison de son appartenance à la Communauté protestante libre. Il apprend la maçonnerie et rencontre le succès comme entrepreneur.

En 1860, il épouse Katharina Rupp (1837-1925), fille aînée du fondateur de la communauté. Après la mort de Julius Rupp mort en 1884, il reprend sa fonction de pasteur. En 1887, Carl Schmidt devient membre du SPD.

Rétrospectivement, Käthe Kollwitz se souvient de son père lisant à ses enfants les poèmes révolutionnaires du Vormärz:

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De temps en temps, papa nous faisait la lecture.
[...] il nous lut ›Paroles de morts aux vivants‹ de Freiligrath. Ce poème me marqua à jamais – des combats de barricades –, il y avait papa et Konrad, [...], mon imagination donnait dans l’héroïsme.«

Käthe Kollwitz, Journal, Souvenirs, 1923

Konrad Schmidt (1863-1932), tableau disparu de Käthe Kollwitz, vers 1886/87, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Konrad Schmidt (1863–1932)
Le frère aîné de Käthe Kollwitz étudie l’économie à Berlin et obtient son doctorat en 1886 à l’université de Königsberg. Dans sa thèse, il compare les théories de Johann Karl Rodbertus et Karl Marx sur les salaires et l’exploitation.

À partir de 1887, il rend visite à plusieurs reprises au philosophe, théoricien des sciences sociales et entrepreneur Friedrich Engels (1820-1895). Il s’ensuit une correspondance active. Enthousiasmé par les idées du Mouvement ouvrier allemand et international, il rejoint le SPD.

En tant que socialiste et dissident, Konrad Schmidt voit sa carrière universitaire initialement entravée. Il doit attendre 1890 pour devenir Privatdozent (docteur habilité à enseigner mais dans l’attente d’une chaire) à l’université de Zurich et travaille comme rédacteur chargé des questions d’économie et de commerce au Zuricher Post. À partir de 1895, il travaille par intermittence pour l’hebdomadaire social-démocrate Vorwärts, puis à partir de 1908 pour les Sozialistische Monatshefte.
Il échoue à se faire élire au Reichstag en 1898. En 1919, il est nommé professeur d’économie à l’université polytechnique de Berlin.

Konrad Schmidt se passionne pour le naturalisme en littérature et prend en 1897 la direction de la Freie Volksbühne (la Scène populaire libre) de Berlin, à la fondation de laquelle il avait participé en 1890. Le but de ce théâtre collectif, qui ignore les autorités de censure, est de présenter des pièces dont l’intention n’est pas seulement esthétique, mais d’ouvrir le théâtre au prolétariat.

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[Konrad] a eu beaucoup d’influence sur moi, surtout pendant mon éducation et notamment sur certaines de mes lectures.«
Käthe Kollwitz, curriculum vitae synoptique pour le biographe de Ludwig Kemmerer, 1922/23, collection d’art de la forteresse de Cobourg

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Histoire

Otto von Bismarck (1815–1898) devient le premier chancelier de la confédération de l’Allemagne du Nord en 1866.

Cinq ans plus tard, le 18 janvier 1871, Guillaume Ier de Prusse (1797-1888) est proclamé empereur allemand dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Le premier État-nation allemand naît de la réunion de la confédération de l’Allemagne du Nord et des quatre états du sud. Il est sous domination prussienne et Otto von Bismarck devient le premier chancelier de l’Empire allemand.

Depuis la révolution de 1848, les droits des femmes sont strictement limités. Des organisations non gouvernementales se créent, comme en 1867, le Verein Berliner Künstlerinnen und Kunstfreundinnen (association des femmes artistes et des amies des arts de Berlin), la plus ancienne et prestigieuse association professionnelle de femmes artistes dans le monde germanophone. Un an plus tard, l’association ouvre la première école de peinture et de dessin pour femmes à Berlin.

1870

Biographie

Lisbeth Schmidt (1870-1963), vers 1890, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance de la sœur de Käthe Kollwitz, Lisbeth Schmidt (1870-1963).

Elle est très proche de l’artiste et, dans sa jeunesse, pose souvent pour elle comme modèle. En 1893, Lisbeth épouse George Stern (1867-1934), ingénieur de Königsberg d’origine juive. Le couple vit à Berlin, comme Käthe Kollwitz après son mariage. Ils ont pour filles Regula Stern (1884-1980), qui deviendra médecin, Hanna Stern (1896-1988) qui, actrice, se fera appeler Johanna Hofer, Katharina Stern (1897-1984) et Maria Matray (1907-1993), qui deviendront également toutes deux comédiennes.

Lisbeth écrit pour la rubrique artistique des Sozialistische Monatshefte, dans lequel paraîtra en 1917 un article célébrant le cinquantième anniversaire de Käthe Kollwitz. Elle écrira deux articles plus personnels sur sa sœur; l’un en 1920 pour le Freie Welt et l’autre en 1927 pour le Vorwärts à l’occasion du 60e anniversaire de l’artiste.

1875

Biographie

Les enfants Schmidt, de gauche à droite : Käthe, Lisbeth, Konrad, Julie, vers 1880, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Dans la seconde moitié des années 1870, le père, Carl Schmidt (1825-1898), transforme son entreprise de construction en coopérative, avant de vendre la société peu de temps après. La famille s’installe dans la partie résidentielle de la Königsstraße à Königsberg.

La famille passe les vacances d’été dans la station balnéaire de Rauschen sur la mer Baltique.

Histoire

Lors du congrès de Gotha (du 22 au 27 mai) le Parti ouvrier social-démocrate (SDAP) fusionne avec l’Association générale des travailleurs allemands (ADAV) pour fonder le Parti socialiste ouvrier (SAP).

Le peintre d’histoire Anton von Werner (1843-1915), artiste préféré de Guillaume II, est nommé directeur de l’École supérieure des beaux-arts de Berlin, aussi appelée Académie de Berlin. Werner rejette les styles modernes, le naturalisme et l’impressionnisme.

Adolph von Menzel (1815-1905) achève son tableau »La Forge«, première importante représentation de l’industrie en Allemagne.

1878

Biographie

Le plus jeune frère de Kollwitz, Benjamin Schmidt, meurt de la méningite.

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C’est dans cette maison que ma mère mit au monde dans de grandes douleurs son dernier enfant, si cher à son cœur, que l’on appela Benjamin suivant le désir de mon père. Il mourut d’une méningite et n’atteint que l’âge d’un an, comme le premier né. J’ai gardé des images très fortes de cette époque. [...] Tombant directement sur Konrad, il [le grand-père Julius Rupp] lui dit, autant que je m’en souvienne, des paroles graves, telles que: ›Est-ce que tu te rends compte à présent, combien tout est éphémère?‹ [...] C’est le premier souvenir conscient que j’ai de lui.«
Käthe Kollwitz, Journal, Souvenirs, 1923

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Histoire

Tentative d’attentat sur l’empereur Guillaume Ier (1897-1888).

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Bismarck utilise la tentative d’attentat pour imposer la dissolution du Reichstag puis la loi contre les velléités dangereuses de la social-démocratie. Les lois anti-socialistes, entrée en vigueur en 1878 et ce jusqu'en 1890, dont le but est d’éliminer la social-démocratie, criminalise les associations, les rassemblements et les publications social-démocrates, socialistes et communistes. Les individus peuvent néanmoins toujours se présenter aux élections du Reichstag et des assemblées législatives des états sous l’étiquette SPD.

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1881

Biographie

Käthe Kollwitz reçoit ses premières leçons de dessin. Son professeur est le graveur Rudolf Mauer (1845-1905), qui enseigne le dessin à main levée à l’Académie de Königsberg et donne des cours du soir sur le dessin d’après des plâtres. Plus tard, elle prend des cours particuliers avec le peintre Friedrich Naujok (dates incertaines).

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Elle doit sa formation d’artiste à son père.

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Ma condition de fille ne l’empêcha [le père] pas de mettre toute sa volonté dans la réussite de son projet. Et comme je n’étais pas jolie, il pensait que l’amour et ses histoires ne viendraient pas se mettre en travers de mon chemin. [...] Pour commencer, je pris des cours avec Mauer, un graveur sur cuivre. Il devait y avoir une ou deux autres filles avec moi. Nous dessinions des têtes d’après des plâtres et des croquis.«
Käthe Kollwitz, Journal, Souvenirs, 1923

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Par rapport aux enfants de la bourgeoisie de cette époque, ses parents laissent beaucoup de liberté à leurs filles. La bibliothèque est à la disposition de la jeune Käthe. Elle lit Schiller et Goethe, qu’elle continuera d’apprécier toute sa vie.

L’après-midi, elle se promène avec sa plus jeune sœur Lisbeth (1870-1963) dans Königsberg et son port. Ces promenades sont à l’origine de ses futures explorations artistiques du monde ouvrier.

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Nous baguenaudions à travers toute la ville et au-delà de ses portes, prenions le bac pour traverser la Pregel et déambuler sur le port. Nous nous arrêtions pour observer les dockers et regarder les bateaux se charger et se décharger. [...] Nous savions où étaient accostés les bateaux céréaliers avec, à leur bord, les Jimkies. Ils étaient habillés de peaux de mouton et leurs pieds étaient emmaillotés. C’étaient des Russes ou des Lituaniens, de braves gens. Le soir, ils dansaient sur les coques plates en jouant de l’harmonica. [...] Si plus tard, pendant toute une période, mes travaux s’inspirèrent exclusivement du monde ouvrier, il faut en voir l’origine dans nos vagabondages à travers cette ville marchande à la forte population ouvrière.«
Käthe Kollwitz, Journal, Souvenirs, 1923

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Histoire

Le premier central téléphonique entre en service à Berlin. Avec 48 raccordements, c’est le premier réseau local en Allemagne.

Le premier tramway électrique au monde est mis en service à Lichterfelde près de Berlin.

1883

Œuvre

Käthe Kollwitz, Arthur Schopenhauer, 1883, dessin, (pas de NT)

Le premier dessin survivant de Käthe Kollwitz montre un buste du philosophe Arthur Schopenhauer (1788-1860), réalisé d’après un modèle.

1885

Biographie

Karl Kollwitz, vers 1885, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

1884 ou 1885 l’artiste se fiance secrètement avec Karl Kollwitz (1863-1940).

L’étudiant en médecine est ami avec Konrad Schmidt (1863-1932) depuis leurs années sur les bancs d’école et il est aussi membre de la Communauté protestante libre.

Karl Kollwitz termine ses études à l’université Albertus-Magnus de Königsberg avec un doctorat en médecine et, ouvre en 1891, après son mariage avec Käthe Schmidt, un cabinet conventionné de médecine générale dans le quartier populaire de Prenzlauer Berg à Berlin.

En 1913, il est cofondateur de l’Association des médecins socio-démocrates, et également membre du Comité de protection de l’enfance dans le quartier de Prenzlauer Berg. Après la révolution allemande de 1919, il s’engage dans la politique locale de Berlin et s’engage en tant que conseiller municipal sous l’étiquette SPD.

Œuvre

Création des premiers dessins ›narratifs‹.

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Käthe Kollwitz réalise par exemple un dessin d’après le tableau de Carl Friedrich Lessing (1808-1880) »Luther brûlant la bulle papale« (1853) ou une illustration du monde ouvrier d’après le poème romantique et dénué de toute critique sociale de Ferdinand Freiligrath (1810-1876) »Die Auswanderer« (Les émigrés). Aucune de ces œuvres de jeunesse de l'artiste n'a survécu.

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Mes premiers dessins sont presque tous des anecdotes. Je dessinais tout ce qui se passait, ce que je voyais comme ce que j’imaginais. Peut-être peut-on déjà, à ce moment-là, parler de ‘confrontation avec la vie’.«
Käthe Kollwitz, Journal, 5 mars 1917

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Histoire

Emile Zola (1840–1902) Emile Zola publie son roman »Germinal«.

1886

Biographie

Käthe Kollwitz se rend avec sa mère Katharina Schmidt (1837-1925) et sa sœur Lisbeth (1870-1963) de Berlin et Munich en Engadine (Suisse).

Elle rencontre à Erkner près de Berlin le jeune écrivain naturaliste Gerhart Hauptmann (1862-1946).

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Hauptmann s’était lié d’amitié avec sa sœur Julie et son mari Paul Hofferichter qui vivaient dans le quartier.

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Il [Hauptmann] n’était pas encore connu, il n’avait encore écrit que son ’promethidenlos’. [...] J’ai encore le souvenir d’une fête, un dîner, dans une grande pièce donnant sur le jardin auquel on accédait par quelques marches. Il y avait Gerhart Hauptmann, sa femme, le peintre Hugo Ernst Schmidt, Arno Holz et mon frère Konrad. Cette soirée fut inoubliable. Dans la grande pièce, une longue table était décorée de roses. Nous buvions du vin, une couronne de roses sur la tête, en écoutant Hauptmann lire du Jules César [de Shakespeare]. Pour des jeunes de notre âge, c’était forcément excitant. Quel merveilleux prélude à la vie qui s’ouvrait maintenant à moi, lentement mais inexorablement.«
Käthe Kollwitz, Journal, Rückblick auf frühere Zeit, 1941

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À Munich, autre étape du voyage, elle visite la Alte Pinakothek. Dans la galerie des peintures, les œuvres de Pierre Paul Rubens (1577-1640) la fascinent particulièrement. Pendant ses études à l’école d’art pour filles de Munich (1886-90), elle dessinera la satyresse allaitante du »Silène ivre«.

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Enfin je pouvais voir à la Pinacothèque les grands maîtres dont un qui aura une influence primordiale sur moi pendant des années: Rubens. C’est fou l’effet qu’il me faisait. Et il y avait beaucoup de Rubens à Munich! [...] À cette époque-là, je lisais Goethe. Quand je n’allais pas bien du tout, il suffisait que j’écrive dans la marge de mon livre: Rubens! Rubens!«
Käthe Kollwitz, Journal, Rückblick auf frühere Zeit, 1941

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Pendant les années 1886-87, elle fréquente l’atelier de peinture de Karl Stauffer-Bern (1857-1891) à l’école d’art pour filles de Berlin.

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Le peintre, graveur et sculpteur suisse, après ses études à l’Académie, s’est fait un nom à Berlin avec ses portraits réalistes. En 1884, son ami Peter Halm l’avait initié à la technique de l’eau-forte. Depuis 1886, il s'intéresse également à la sculpture, à laquelle il se consacrera exclusivement à partir de 1888.

Le professeur enseigne d'abord à Käthe Kollwitz l’art du portrait, mais il la renvoie rapidement au dessin, car elle manque encore des bases essentielles dans ce domaine.

L’artiste dira plus tard de Karl Stauffer-Bern qu’il était »L’enseignant auquel je dois peut-être tout«:

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Je n’ai étudié qu’un seul hiver auprès de lui à Berlin, mais ces mois ont posé toutes les bases. Je lui suis encore reconnaissante de m’avoir poussée à revenir au dessin quand je voulais peindre.«
Lettre inédite à Peter Halm, 28 juillet 1927, original au musée Käthe Kollwitz Museum Köln.

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Käthe Kollwitz fait la rencontre de Beate Jeep (1865-1954) à l'école d’art pour filles de Berlin. L’étudiante devient une amie proche de l'artiste et la conseillera pour de nombreux travaux.

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En 1895, Beate Jeep épouse Arthur Bonus (1864-1941), un pasteur âgé d’un an de plus qu’elle. Le couple noue une amitié avec Käthe et Karl Kollwitz qui durera jusqu’à leur mort.

Après la mort de Käthe Kollwitz, Beate Bonus-Jeep raconte cette amitié dans un livre à sa mémoire, »Sechzig Jahre Freundschaft mit Käthe Kollwitz« (Soixante ans d’amitié avec Käthe Kollwitz). Il est publié en 1948 par le Karl Rauch Verlag.

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Histoire

Avec le décret du 11 avril 1886 sur le droit de grève du ministre de l’intérieur Robert Victor von Puttkamer (1828-1900), le droit d’association et de grève est reconnu, mais les grèves liées à l’agitation sociale-démocrate sont déclarées politiques et donc illégales. Ainsi, en Prusse, après un assouplissement entre 1881 et 1886, les lois anti-socialistes sont à nouveaux strictement appliquées.

1887

Biographie

Après son retour de Berlin, Käthe Kollwitz reçoit à Königsberg l’enseignement du peintre de genre et portraitiste Emil Neide (1843-1908).

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Emil Neide est un peintre renommé en Prusse Orientale et professeur à l’Académie. Il travaille entre autres sur la décoration de l’auditorium de l’université de Königsberg et sur les auditoriums de plusieurs lycées à Insterburg et Königsberg, où il illustre l’histoire de la Prusse par des thèmes et des représentations mythologiques.

Le père veut que sa fille suive une formation de peintre d’histoire, genre considéré comme noble mais aussi exclusivement masculin. Käthe Kollwitz rejette cependant le conservatisme de la peinture d’histoire wilhelminienne. Elle veut se confronter à la vie et représenter le quotidien. D’Emil Neide, elle n’apprécie que la sobre peinture de genre »Le Lieu du crime« (vers 1886), qui représente la découverte du cadavre d’un homme assassiné.

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De retour à Königsberg, je suis devenu l’élève du professeur Neide de l'Académie et j'ai été progressivement autorisée à peindre des ›tableaux‹ sous sa direction. C'était une période ennuyeuse, j'avais tant de peinture à faire, mes parents sont donc intervenus et je leur en suis encore reconnaissante: Ils m'ont envoyé pour deux ans [...] à Munich.«
Käthe Kollwitz, lettre à Max Lehrs du 29 août 1901, in: Briefe der Freundschaft.

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La famille Schmidt subit les effets des lois anti-socialistes: La police effectue une perquisition.

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Son frère Konrad Schmidt (1863-1932) avait rendu visite à Friedrich Engels (1820-1895) à Londres. Des écrits sociaux-démocrates interdits en Allemagne ont été trouvés dans un livre qu’on lui avait envoyé d’Angleterre. Les charges seront néanmoins abandonnées.

Kurz darauf treten Konrad und der Vater in die Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands (SAP) ein. Käthe Kollwitz ist als Frau die Mitgliedschaft in einer Partei noch verboten. Sie fühlt sich seit jenen Ereignissen aber der Sozialdemokratie zugehörig und bezeichnete ihren Vater später als »Hinüberführer zum Sozialismus«.

Peu après, Konrad et son père rejoignent le Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands (SAP - Parti socialiste ouvrier d’Allemagne). Käthe Kollwitz, en tant que femme, n’a toujours pas le droit de s’inscrire à un parti. Ces événements la font adhérer aux idées de la social-démocratie. Elle parlera plus tard de son père comme de »son guide vers le socialisme«.
Son fiancé Karl Kollwitz (1863-1940) est également social-démocrate.

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Histoire

L’inventeur Emil Berliner (1851-1929) dépose le brevet du gramophone.

1888

Biographie

En juillet, les parents annoncent les fiançailles de leur fille Käthe avec le futur médecin Karl Kollwitz (1863-1940).

La classe de peinture de Ludwig Herterich à Munich, vers 1889, Käthe Kollwitz assise, deuxième depuis la droite, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

À partir d’octobre, Käthe Kollwitz débute ses deux années d’étude à l’école d’art pour filles de Munich dans la classe de Ludwig Herterich (1856–1932).

Herterich a acquis sa renommée comme portraitiste et peintre monumental. Il est un des principaux représentants de l’École de Munich.
Son traitement des couleurs est encore nouveau pour la jeune artiste car il associe à des gammes de valeurs étendues la palette lumineuse de la peinture ›sur le motif‹.

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« [...] sa peinture franchement coloriste ne correspondait pas à ma façon de voir les couleurs, de les ressentir.
Je trichais un peu pour faire partie de ses préférées: je savais comment il voulait que je peigne, alors je le faisais. [...] La journée, on travaillait; le soir, on s’amusait, on allait dans les tavernes, on faisait aussi des excursions dans les alentours et puis on se sentait libres parce qu’on avait notre propre clé.«

Käthe Kollwitz, Journal, Rückblick auf frühere Zeit, 1941

À Munich, Käthe Kollwitz jouit de la liberté de la vie d’artiste. Elle participe à des soirées d’études de modèles organisées par des étudiantes de l'école d’art pour filles avec des étudiants de l'Académie de Munich, seule occasion pour les jeunes artistes de s’exercer sur des compositions à plusieurs figures.

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Je choisis une scène de Germinal où deux hommes,
dans un estaminet enfumé, se disputent la jeune Catherine au combat. Cette composition fut appréciée. Pour la première fois, je me sentais confortée dans mes choix, mon imagination échafaudait de grands projets. Je n’en dormis pas de la nuit, tant j’étais en attente de bonheur.«

Käthe Kollwitz, Journal, Souvenirs, 1941

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Pendant ses études à Munich, la peinture ›sur le motif‹ gagne en reconnaissance avec notamment des représentations de la vie quotidienne des gens ordinaires par Fritz von Uhde (1848-1911) et Max Liebermann (1847-1935).

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Après la fin de ses études, et sous l’influence majeure de Max Liebermann, Käthe Kollwitz commence à décrire la vie des ouvriers dans ce qu’elle avait de caractéristique, mais sans y inclure encore de critique sociale. Avec le recul, l’artiste se souvenait:

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Il est certain que, déjà à cette époque-là, sous l’influence [...] de mon père, de mon frère et aussi de toute la littérature de ce temps, mon travail avait une connotation socialiste. La raison profonde de mon choix de ne représenter désormais quasiment que la vie ouvrière tient à ce que les sujets puisés dans ce milieu représentaient purement et simplement ce que le beau était à mes yeux. [...] Mais encore une fois, j’insiste bien sur ce point: si j’ai été amenée à représenter la vie des gens du peuple, c’est, au début, très peu par pitié ou par empathie, mais tout simplement parce que, pour moi, c’était beau. Comme disait Zola ou un autre: ›Le beau c'est le laid.‹«
Käthe Kollwitz, Journal, Rückblick auf frühere Zeit, 1941

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À Munich, Käthe Kollwitz aborde pour la première fois la condition féminine.

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Ce thème se retrouve dans les séries de gravures de Max Klinger (1857-1920). Elle l’a découvert en 1884 pendant ses études à Berlin dans le cycle »Une Vie«, puis avec le cycle achevé en 1887 »Un Amour«, qu'elle a probablement vu à Munich en 1888 lors de l'exposition internationale au Palais des glaces.

Les étudiantes de l'école d’art pour filles étaient aussi d’avides lectrices des écrivains naturalistes Henrik Ibsen (1828-1906) et Bjørnstjerne Bjørnson (1832-1910), notamment pour leurs références au sujet de l'émancipation des femmes.

Käthe Kollwitz se trouve confortée dans ses convictions par le politicien social-démocrate August Bebel (1840-1913), qu’elle écoute à un rassemblement et dont elle a lu »La Femme et le socialisme«. Avec ses 52 rééditions et de nombreuses traductions, c’est un des bestsellers de la littérature socialiste du 19e siècle.

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Œuvre

Käthe Kollwitz, Duel dans la taverne, 1888, fusain et craie brune estompée, pinceau et sépia sur papier brun, NT 9, Cabinet des estampes, Dresde

Travaux sur la question du rapport entre les sexes.

Premiers dessins sur la scène de combat, d’après le roman »Germinal« d’Émile Zola (1840-1902) où deux hommes luttent pour Catherine (comme dans »Duel dans la taverne«, NT 9). Dans le roman, la jalousie n’est pas un thème central, au contraire de la critique sociale.

Käthe Kollwitz, Le Destin de la femme (Martyre de la femme), vers 1889, plume, pinceau et encre noire, lavis sur papier vergé, NT (17a), Collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

D’autres œuvres de jeunesse, comme le dessin à la plume, pinceau et encre noire »Le Destin de la femme«, NT (17a), évoque - sur le modèle du personnage de Marguerite (Gretchen) dans le »Faust« de Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), à travers une grossesse non désirée, la détresse des femmes.

Elle accentue son intérêt pour ce thème dans la gravure »Sur le mur de l’église« (Kn 17) de 1893 et le traitera de nouveau dans une lithographie et dans une eau-forte à la fin des années 1890.

Histoire

Année des trois empereurs: mort de Guillaume Ier (1797-1888) le 9 mars et de Frédéric III (1831-1888), le 15 juin des suites d’un cancer après 99 jours de règne. Guillaume II (1859-1941) accède au trône.

Le 18 février, les lois anti-socialistes sont prorogées pour la dernière fois.

1890

Biographie

Käthe Kollwitz, Autoportrait la tête appuyée, 1889-91, plume, pinceau et encre brune noire sur papier vergé, NT 25, Collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Après son retour de Munich, l’artiste loue son premier atelier à Königsberg.

Elle lit le seul journal socialiste autorisé à paraître sous les lois anti-socialistes, la »Berliner-Volks-Tribüne«, où son frère Konrad Schmidt (1863-1932) officie brièvement comme directeur de la rédaction.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Pub à Königsberg, vers 1891, plume et encre noire et lavis gris, NT (52a), Collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Kollwitz pense d’abord peindre sur toile la »Scène de bagarre« (NT 9), tirée du roman »Germinal« d’Émile Zola (1840-1902), qu’elle a dessinée à Munich en 1888. À cette fin, elle réalise des études dans les pubs de marins à Königsberg, comme en témoigne le dessin à la plume et au lavis gris »Pub à Königsberg« NT (52a).

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[...] je me louais un petit atelier. [...] je voulais faire le tableau de la scène tirée de Germinal. Pour cela, il me fallait faire des croquis d’étude. À cette époque-là il y avait dans les vieux quartiers de Königsberg, le long de la Pregel, tout un tas de bistrots à marins dans lesquels on risquait, le soir, de mettre sa vie en danger. Je n’avais donc pas d’autre possibilité que d’y aller le matin pour y faire mes études. Le bistrot que je trouvais le plus intéressant était un bar à double entrée: ›le petit bateau‹. Il y régnait un bruit de tous les diables, les bagarres au couteau n’étaient pas rares.«
Käthe Kollwitz, Journal, Rückblick auf frühere Zeit, 1941

Elle décide plus tard de graver la scène, et s’initie pour cela aux techniques de gravures à l’eau-forte auprès de son ancien professeur Rudolf Mauer.

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J'ai commencé à graver et pour cela, à faire une masse d'exercices préparatoires à la plume. En général, je dessine maintenant beaucoup plus que je ne peins. Et ce, parce qu’à Berlin, pendant les premières années de mon mariage, je n’avais pas assez d’argent pour louer un atelier. L’idée de peindre à l’huile dans des pièces étroites est vraiment triste. La gravure est loin d’être aussi compliquée.«
Käthe Kollwitz, lettre à Paul Hey du 26 février 1891, in: Briefe der Freundschaft

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Histoire

Otto von Bismarck (1815-1898), chancelier du Reich est démis de ses fonctions par l’empereur Guillaume II (1859-1941), ce qui entraîne l’abandon de la politique d’alliances chère à Bismarck.

Les lois anti-socialistes ne sont pas reconduites. Malgré leur mise en place en 1878, la social-démocratie a triplé le nombre de ses électeurs et atteint presque 1,5 millions de voix aux élections du Reichstag.

Sous la direction de August Bebel (1840-1913) le Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands (SAP - Parti socialiste ouvrier d’Allemagne) devient le Sozialdemokratischen Partei Deutschlands (SPD - Parti social-démocrate d’Allemagne).

1891 - 1900

1891

Biographie

L’immeuble de la famille Kollwitz au 25 de la Weissenburger Strasse, avant novembre 1943, photographe inconnu, carte postale historique

Käthe et Karl Kollwitz (1863-1940) se marient le 21 juin.


La même année, le couple déménage de Königsberg à Berlin, où le Dr Kollwitz, tout juste nommé responsable de la Caisse de secours des tailleurs, ouvre un cabinet médical dans le quartier de Prenzlauer Berg. Dans son nouveau lieu de résidence et lors de rencontres avec les patients de son mari, Käthe Kollwitz est directement confrontée à la misère de la grande ville. Dans son art, elle s’intéresse bientôt aux questions de société.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Scène de Germinal, 1893, eau-forte, pointe sèche et émeri, Kn 19 III b, Collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’artiste commence à travailler sur une série de gravures inspirées du roman d’Émile Zola (1840-1902) »Germinal«.
Trois eaux-fortes sont produites sur ce thème: »La Scène de Germinal« (Kn 19 III b), dont les dessins préparatoires ont été exécutés à Munich, montre la jalousie de deux hommes qui se battent pour Catherine, ainsi que deux variantes d’une »Scène de conspiration« (Kn 10 et Kn 11).

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Ces œuvres ont été imprimées (comme presque toutes les eaux-fortes éditées du vivant de l’artiste) à Hofkupferei Felsing (l’imprimerie royale Felsing) de Berlin-Charlottenburg. Les Felsing sont une dynastie d’imprimeurs qui s’étend de 1797 à 1965. Wilhelm Felsing (1868-1940) a dirigé l’entreprise de 1892 à 1940, et outre Kollwitz, a collaboré avec des artistes tels que Karl Stauffer-Bern, Max Klinger, Max Liebermann, Lovis Corinth, Max Slevogt, Emil Nolde et Heinrich Zille.

En 1893, Käthe Kollwitz interrompt son travail sur la série pour se consacrer au cycle »Une Révolte des tisserands«.

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Histoire

La législation du travail dans l’Empire allemand évolue pour apporter plus de protection aux ouvriers. Elle institue une durée maximale du travail, généralise le dimanche comme jour chômé et interdit le travail en usine aux enfants de moins de 13 ans.

Le programme du Congrès d’Erfurt du SPD intègre la revendication du droit de vote pour les femmes.

Parution de l’ouvrage de théorie de l’art »Malerei und Zeichnung« (Peinture et dessin) de Max Klinger (1857-1920).

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Vraisemblablement, Kollwitz lit l’essai l’année même de sa publication. Plus tard, l’artiste se souviendra de sa prise de conscience lors de cette lecture: »[...] et c’est là que j’ai compris que je n’étais absolument pas une peintre.« (Käthe Kollwitz, Journal, Rückblick auf frühere Zeit, 1941).
Elle se consacre de plus en plus à la gravure.

Dans ce traité, Käthe Kollwitz trouve une justification au fait d’aborder les aspects négatifs de la vie dans ses gravures. Cependant, la publication de Klinger n’est guère pertinente pour les œuvres ultérieures de Kollwitz, empreintes de critique sociale. Klinger, façonné par la vision pessimiste de Schopenhauer sur l’existence, estime qu’un artiste graveur doit porter un regard sur le monde qui l’entoure, mais qu’il doit se tenir à l’écart de la critique sociale.

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1892

Biographie

Hans Kollwitz en étudiant, 1913, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance de son premier fils Hans Kollwitz (1892-1971).

Le fils aîné de l’artiste deviendra médecin de l’éducation nationale en 1928 et plus tard directeur des services d’épidémiologie de Berlin. Il prendra une retraite anticipée après la Deuxième Guerre mondiale et se consacrera à l’œuvre de sa mère.

Hans Kollwitz publiera des extraits de son journal, un choix de lettres et un volume de photographies des sculptures de Käthe Kollwitz tout en apportant son soutien aux expositions de son œuvre.

Histoire

La France et la Russie contractent une alliance militaire secrète.

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À la suite du non-renouvellement du traité de réassurance entre l’Allemagne et la Russie, l’alliance militaire secrète que cette dernière a conclu avec la France débouche sur le traité d’alliance solennel le 4 janvier 1894. Les conditions d’une guerre sur deux fronts que Bismarck a toujours redoutées sont réunies; cette situation sera en partie responsable du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

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Fondation à Berlin du groupe d’artistes Vereinigung der XI (Association des XI).

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Ce groupe d’artistes constitue, avec la Münchner Secession (Sécession de Munich), également fondée en 1892, l’un des plus importants groupes d’artistes en Allemagne et cherche à se démarquer du conservatisme du monde de l’art. La Vereinigung der XI est un des principaux précurseurs de Berliner Secession (la Sécession berlinoise).

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1893

Biographie

La jeune sœur de Käthe Kollwitz, Lisbeth Schmidt (1870-1963), épouse l’ingénieur d’origine juive Georg Stern (1867-1934), de Königsberg. Comme Käthe et Karl Kollwitz, le couple s’installe à Berlin.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Hans Kollwitz à la bougie, 1895, plume et pinceau, encre noire et mine de plomb sur papier, NT 115, Collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’artiste commence à travailler sur le cycle »Une Révolte des tisserands« (1893-1897).

Environ quarante ébauches pour le cycle des Tisserands ont été conservées. Le dessin à l’encre »Hans Kollwitz à la bougie« (1895), NT 115, étude pour la deuxième planche du cycle, compte parmi ses œuvres les plus frappantes. C’est l’une des premières preuves du plaisir que l’artiste avait à faire poser ses fils.

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Impressionnée par la première du drame naturaliste »Les Tisserands« de Gerhart Hauptmann (1862-1946), qui se déroule sur fond de révolte de la faim des tisserands silésiens en 1844, Käthe Kollwitz interrompt son travail sur la série inspirée de »Germinal« de Émile Zola (1840–1902) et entame la réalisation de son premier cycle complet de gravures »Une Révolte des tisserands«, qu’elle achèvera en 1897.

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C’est à cette époque que j’ai vécu un grand événement : la première des Tisserands de Hauptmann à la Freie Bühne. C’était en matinée. Je ne sais plus par qui j’avais eu mon billet. [...] mais moi j’y suis allée, brûlant d’impatience et de curiosité. L’impression fut énorme. La distribution était exceptionnelle, [...] Le soir, il y eut une grande réception où beaucoup furent conviés. Hauptmann, en guide des jeunes insurgés, fut porté en triomphe sur un bouclier. Cette représentation marqua un tournant dans mon travail. J’abandonnai le cycle sur ›Germinal‹ que j’avais commencé et me mis aux Tisserands.«
Käthe Kollwitz, Journal, Rückblick auf frühere Zeit, 1941

Le fait que l’étude »Hans Kollwitz à la bougie« soit un dessin préparatoire à la plume et à l’encre pour la deuxième planche »Mort« montre que dans les premiers temps, l’artiste envisage encore de réaliser le cycle entier à l’eau-forte. Mais l’exécution des ombres portée d’un noir profond dans une technique d’impression en creux (par exemple l’aquatinte), causait beaucoup de problèmes à Kollwitz, ce qui l’a finalement décidée à utiliser la lithographie pour les trois premières planches du cycle et l’eau-forte uniquement pour les trois dernières.

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Käthe Kollwitz, Sur le mur de l’église, 1893, eau-forte, pointe sèche et gravure au lavis, Kn 17 III b, ollection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz participe pour la première fois à des expositions.

Elle expose les eaux-fortes »Le Bonjour« (Kn 13) et »À la taverne« (Kn 15) à la Großen Berliner Kunstausstellung (grande exposition d’art de Berlin). Dans le même temps, Käthe Kollwitz est présente à la Freie Berliner Kunstausstellung (l’exposition libre de Berlin) avec la gravure »Sur le mur de l’église« (Kn 17), et deux pastels aujourd’hui disparus.

À la Freie Berliner Kunstausstellung le critique et collectionneur Julius Elias (1861-1927) remarque l’artiste et la mentionne pour la première fois dans sa critique de l’exposition pour le magazine Die Nation.

Histoire

Fondation à Varsovie du Parti social-démocrate du royaume de Pologne. Parmi les membres fondateurs du parti illégal se trouve Rosa Luxemburg (1871-1919).

Publication du premier numéro du magazine Die Frau. Monatsschrift für das gesamte Frauenleben unserer Zeit (La Femme. Mensuel sur la vie des femmes de notre temps). Helene Lange (1848-1930), enseignante et militante pour les droits des femmes en est la rédactrice en chef.

Edvard Munch (1863-1944) commence à travailler sur quatre peintures et une lithographie intitulées »Le Cri« (1893-1910).

1894

Biographie

Regula Stern (1894 - 1980), 1912, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance de la nièce de Käthe Kollwitz, Regula Stern (1894-1980).

La fille aînée de sa sœur Lisbeth et de son mari Georg est actrice, mais abandonne cette profession en 1922 pour devenir médecin. Sous les nazis, en tant que demi-juive elle doit fermer son cabinet et ne peut travailler que comme aide-soignante. Regula Stern se charge du suivi médical de Karl et Käthe Kollwitz pendant leurs années de vieillesse. Après 1945, Regula Stern reprend son travail de médecin.

Histoire

À Berlin, la Bund deutscher Frauenvereine (Union des organisations féministes allemandes) est fondée sous la présidence d’Auguste Schmidt (1833-1902). Ce rassemblement des organisations féministes civiles veut assurer une meilleure communication entre elles.

1896

Biographie

Peter Kollwitz en étudiant, 1913, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance de son second fils Peter Kollwitz (1896-1914).
Le plus jeune fils de Käthe et Karl Kollwitz veut devenir artiste. Il obtient son diplôme d’études secondaires et entame un cursus d’arts dans la classe de formation du musée des arts appliqués de Berlin en 1912. Pendant les vacances d’été de 1914, Peter est en Norvège avec Hans Koch (1897-1995), Erich Krems (1898-1916) et Richard Noll (mort en 1916) pour faire des randonnées lorsque leur parvient la nouvelle du déclenchement de la guerre. Les amis décident de s’engager alors comme volontaires dans l’armée.
Peter Kollwitz tombe près de Dixmude en Belgique le 22 octobre 1914.

Hanna Stern (1896-1988), 1912, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance de la nièce de Käthe Kollwitz, Johanna (Hanna) Stern (1896-1988).

La deuxième fille de sa sœur Lisbeth porte le nom de scène Johanna Hofer. Pendant ses études en arts dramatiques, Max Reinhardt l’engage déjà au Deutsches Theater de Berlin. En secondes noces elle épouse l’acteur et réalisateur Fritz Kortner, avec qui elle émigre aux États-Unis en 1933. Elle revient en Allemagne en 1948 où elle multiplie les grands rôles sur scène et à la télévision.

Œuvre

Kollwitz réalise une lithographie du portrait de son fils »Hans Kollwitz«, Kn 39.

Histoire

Le Reichstag allemand adopte le premier code civil.

1897

Biographie

Katta Stern (1896-1988), 1919, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance de la nièce de Käthe Kollwitz, Katharina Stern (1897-1984).
Sous le nom de Katta Stern, la troisième fille de Lisbeth et Georg Stern devient danseuse et rencontre le succès. Sous le régime nazi, elle est interdite de représentation en Allemagne à partir de 1933. Son mari Walter Herrendörfer (1900-mort pendant la Deuxième Guerre mondiale) est incorporé dans l’Organisation Todt (groupe de génie civil et militaire du IIIe Reich). Elle ne parvient pas à émigrer aux États-Unis et doit se retirer de la vie publique. Elle vit désormais avec sa mère dont elle s’occupera jusqu’à sa mort.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Marche des tisserands, planche 4 du cycle »Une Révolte des tisserands«, 1893-1897, eau-forte et émeri, Kn 36, Collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz complète le cycle »Une Révolte des tisserands« (1893-1897).
Dès la première présentation du cycle à la grande exposition d’art de Berlin en 1898, Kollwitz acquiert une grande reconnaissance et se fait un nom en tant que jeune artiste.

1898

Biographie

Käthe Kollwitz, »Attaque«, planche 5 du cycle »Une Révolte des tisserands«, 1893-1897, eau-forte et émeri, Kn 37, Collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln


C’est en montrant son cycle »Une Révolte des tisserands« (1893-1897) lors de la grande exposition d’art de Berlin que Käthe Kollwitz atteint une véritable renommée artistique.

Max Liebermann (1847-1935), membre du jury, propose à l’empereur Guillaume II (1859-1941) de décerner une médaille à l’artiste. Le cycle de gravures étant marquée par la critique sociale, l'empereur rejette cette attribution sous prétexte que »Cela équivaudrait à dénigrer toute haute distinction, médailles et décorations ornant la poitrine des hommes méritants«.

De 1898 à 1903, elle enseigne la gravure et le dessin à l’école d’art pour filles de Berlin.

Œuvre

Salle de consultation du cabinet des estampes dans le bâtiment du musée conçu par Gottfried Semper, Max Lehrs en arrière-plan à droite, 1913 © SLUB / Deutsche Fotothek

Le cabinet des estampes de Dresde, dirigé par Max Lehrs (1855-1938), est la première collection publique à acquérir des œuvres de Kollwitz. L’historien de l’art devient l’un des principaux soutiens de Käthe Kollwitz. Jusqu’à sa retraite il a fait acheter un total de 177 gravures et 22 dessins.

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Max Lehrs prend la direction du cabinet des estampes de Dresde en 1896. De 1905(?) à 1908, il dirige le cabinet des estampes de Berlin, pour redevenir directeur de la collection de Dresde de 1908 jusqu’à sa retraite en 1924.

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Histoire

La première loi navale entre en vigueur.

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Dans l’Empire allemand, les lois navales ont constitué la base juridique du développement de la marine impériale avant la Première Guerre mondiale. Ces lois de développement conduisent à la création d’une puissante flotte de haute mer allemande et entraînent une course aux armements entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne considérée comme l’une des causes de la Première Guerre mondiale.

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Fondation de la Sécession berlinoise.

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Fondation de la Sécession berlinoise, sous la direction de Max Liebermann (1847-1935). C’est la première association d’artistes à Berlin à accepter les femmes. Elle s’oppose ainsi à la très conservatrice Verein Berliner Künstler (Association des artistes de Berlin).
Elle se dissout à la suite du rejet des œuvres de 25 membres de l’association pour l’exposition de 1913. La majorité des membres, dont Käthe Kollwitz et l’ensemble du conseil d’administration la quittent et fondent en 1914 la Sécession libre autour de Max Liebermann, Max Slevogt et Paul Cassirer.

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1899

Biographie

À l’initiative de Max Lehrs (1855-1938) et Max Klinger (1857-1920), l’artiste reçoit une plaque d’argent à l’exposition d’art allemand à Dresde.

Œuvre

Kollwitz participe à la première exposition de la Sécession berlinoise.

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Son affiliation à la Sécession berlinoise permet à l’artiste de participer à de nombreuses autres expositions en Allemagne et à l’étranger. Kollwitz peut également présenter deux œuvres à la 5e exposition de la Sécession viennoise. À Vienne, le musée de l’Albertina acquiert la gravure »Fin« (Kn 38) du cycle des Tisserands et jette ainsi les bases de sa collection Kollwitz.

Kollwitz doit certainement son invitation à la Sécession berlinoise à Max Liebermann (1847-1935), président de l’association fondée l’année précédente. À partir de 1901, la Sécession berlinoise est le premier groupe d’artistes allemand à proposer des expositions »noir et blanc« (des expositions des arts graphiques) en raison de l’intérêt croissant pour les gravures réalisées par des artistes et les dessins autonomes. Käthe Kollwitz s’est impliquée dans la Sécession berlinoise jusqu’à sa dissolution en 1913.

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Käthe Kollwitz, Le Bonjour, 1892, eau-forte et pointe sèche, Kn 13 I, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

La publication de sa gravure »Le Bonjour« (Kn 13) dans le magazine Pan engendre une reconnaissance précoce de l’artiste. Elle prévoyait tout d'abord de réaliser un autoportrait lithographié en couleur (Kn 46), sa première lithographie polychrome, mais semble finalement ne pas en être satisfaite. Elle soumet alors la gravure »Le Bonjour«, réalisée en 1892 à l’occasion de la naissance de son fils Hans.

Fondé en 1895, le magazine berlinois Pan est consacré à l’art, à la poésie, au théâtre et à la musique. Il propose des gravures originales et est l’un des principaux promoteurs de l’Art nouveau en Allemagne.

Käthe Kollwitz, Émeute, 1899, eau-forte et gravure au lavis, pointe sèche, aquatinte, émeri et roulette, Kn 46 VI d, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’eau-forte »Émeute« (Kn 46) est la première que Käthe Kollwitz réalise sur le thème de la guerre des paysans.
La gravure montre une incarnation allégorique de la Liberté à la tête des combattants d’une barricade et a été d’abord publiée avec le titre »Guerre des paysans«. Elle n’a probablement changé de titre qu’après la publication du cycle du même nom en 1908.

1901 - 1913

1901

Biographie

Käthe Kollwitz est membre de la Sécession berlinoise de 1901 à 1913.

L’artiste voyage pour la première fois à Paris, visite des galeries et des expositions, et rencontre le peintre et graveur Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923).

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Le marchand d’art et collectionneur Otto Ackermann (1889-1956), époux de son amie Maria Slavona (1865-1931), l’emmène dans les galeries parisiennes. Chez Ambroise Vollard, elle acquiert un pastel du jeune Pablo Picasso (1881-1973) intitulé »La Bête«, daté de 1900 et découvre les œuvres des Nabis, des impressionnistes et d’autres artistes français. Elle avouera plus tard que Édouard Manet (1832-1883) et les impressionnistes l’ont influencée.

Kollwitz rend également visite à Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923), qui est comme elle un artiste naturaliste et qu’elle vénère.
Elle lui montre une épreuve de l’eau-forte »La Carmagnole« (Kn 51) qu’elle vient de terminer.

Après la mort de Steinlen, elle publiera en 1924 sa nécrologie dans les Sozialistische Monatshefte:

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[...] la classe ouvrière possède une beauté singulière [...] qui exalte et se révèle dans toute sa force à Paris. C’est dans les gestes, dans la langue, dans l’habillement des travailleurs, des masses laborieuses, [...]. Steinlen était si entièrement pénétré de cette beauté que, dans toutes ses créations, il n’a jamais traité que ce sujet. Pas pour agir dans un sens éthico-social (c’est une motivation qui s’ajouta plus tard) mais parce qu’il avait plaisir à montrer son peuple parisien dans toutes ses incarnations quels que soient le lieu et les circonstances où il le voyait.«
Käthe Kollwitz sur Théophile-Alexandre Steinlen, in: Sozialistische Monatshefte, 22 janvier 1924

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Œuvre

Käthe Kollwitz, La Carmagnole, 1901, eau-forte, pointe sèche, aquatinte et gravure au lavis et émeri, Kn 51, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Elle crée la grande gravure »La Carmagnole« (Kn 51) qui deviendra sa ›carte de visite‹.

La Carmagnole est un chant de combat de la Révolution française inspiré par la prise de Carmagnola en 1792. Chaque strophe se termine par le refrain: »Dansons la Carmagnole / Vive le son du canon«

C’est probablement la lecture du roman de Charles Dickens (1812-1870) »A tale of two cities« (Le Conte de deux cités), publié en 1859 qui en est à l’origine.

Kollwitz commence à travailler sur son deuxième cycle de gravures »Guerre des paysans« (1901-1908) après sa lecture de »l’Histoire générale de la grande guerre des paysans«, de Wilhelm Zimmermann (1807-1878), probablement dans son édition populaire illustrée de 1891.

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La planche »L’Émeute« (Kn 46) de 1899 portait déjà sur ce sujet. Elle envisage d’abord de réaliser son prochain cycle »Guerre des paysans« en lithographies polychromes, mais abandonne ce projet en 1902 en faveur de l’eau-forte.

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L’artiste participe à ses premières expositions à Paris chez le galeriste Charles Hessèle et à Londres à l'International Society of Sculptors, Painters and Gravers (Société internationale des sculpteurs, peintres et graveurs).

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C’est sans doute à l’occasion de cette exposition à Londres que Campbell Dodgson (1867-1948) commence à s’intéresser à Kollwitz. Dodgson, qui est également en contact avec Max Lehrs (1855-1938), est assistant au département Prints and Drawings (des estampes et dessins) du British Museum de Londres; il en deviendra le directeur en 1912. Depuis à peu près 1900, il collectionne pour lui-même des gravures d'artistes contemporains, dont aussi des œuvres de Käthe Kollwitz. Dodgson léguera sa magnifique collection au British Museum.

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Histoire

Dans son célèbre discours à l’occasion de l’inauguration de la Siegesallee (Allée de la victoire) à Berlin et de ses statues en l’honneur des Hohenzollern, l’empereur Guillaume II (1859-1941) se montre critique envers les mouvements artistiques modernes:

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Si, comme c’est souvent le cas actuellement, l’art ne fait que rendre la misère plus hideuse encore qu’elle ne l’est déjà, il fait offense au peuple allemand. Cultiver l’idéal est la tâche essentielle de la culture. Si nous voulons être et demeurer un modèle pour les autres peuples, tout le peuple doit coopérer à cette entreprise, la culture doit accomplir pleinement son devoir et doit imprégner le peuple jusqu’aux couches les plus basses de la société. Elle ne peut le faire que si l’art lui tend la main, que s’il élève, et non quand il descend dans le caniveau.«
In: W. Schröder, Das persönliche Regiment. Reden und sonstige öffentliche Äußerungen Wilhelms II., (Le régiment personnel, discours et autres déclarations publiques de Guillaume II),
Munich, 1907.

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Afin de remédier à la situation catastrophique du logement dans la capitale du Reich, le conseil municipal de Berlin crée la König-Friedrich-Stiftung (Fondation du roi Frédéric) et la dote de 1 million de marks.

À Berlin, la Generalversammlung fortschrittlicher Frauenvereine (Assemblée générale des associations progressistes de femmes) appelle à une meilleure éducation politique et à un renforcement de la protection des femmes au travail.

Fondation à Berlin, dans le quartier de Steglitz, du mouvement Wandervogel (mouvement de jeunes bourgeois inspiré du romantisme et prônant un retour à la nature).

1902

Biographie

Après un premier essai sur Käthe Kollwitz écrit par Max Lehrs (1855-1938) pour Zukunft en 1901, deux autres sont publiés en 1902 par Charles Loeser (1864-1928) dans les Sozialistische Monatshefte et par Anna Plehn (dates inconnues) dans Kunst für alle.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Assaut, planche 5 du cycle »Guerre des paysans«, 1902/03, eau-forte, pointe sèche, aquatinte, réserve au sucre et vernis mou avec impression de textiles et de papier report de Ziegler, Kn 70 VIII b, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Kollwitz commence à travailler sur la gravure de grand format »Assaut« (Kn 70) du cycle »Guerre des paysans« et en présente la même année une épreuve à l’exposition »noir et blanc« de la Sécession berlinoise.

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Je considère cette Guerre des paysans comme mon meilleur travail et j’en suis plutôt satisfaite.«
Käthe Kollwitz, lettre à Max Lehrs du 6 mars 1903, bibliothèque d’État de Bavière, Munich.

L’artiste s’est inspirée de la Métayère noire qui avait encouragé et conduit les paysans pendant la prise d’assaut de la ville de Weinsberg. C’est aussi l’une des rares femmes ayant participé à la guerre des paysans dont l’histoire a gardé trace. Kollwitz a découvert ce personnage dans »l’Histoire générale de la grande guerre des paysans« de Wilhelm Zimmermann (1807-1878). Les premiers dessins et gravures suggèrent qu’elle voulait d’abord consacrer l’ensemble du cycle à cette figure féminine plus souvent évoquée dans les romans parus vers 1900 que dans les livres d’histoire.

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Friedrich Lippmann (1838-1903), directeur du cabinet des estampes de Berlin depuis 1876, acquiert le cycle »Une Révolte des tisserands« ainsi que plusieurs gravures individuelles.

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Aujourd’hui, la collection berlinoise possède 320 estampes (épreuves d’état et versions finales) ainsi que 143 dessins de toutes les périodes de l’artiste. 120 dessins proviennent d’une donation de Dr. Hans Kollwitz en 1964.

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La Public Library de New York est la première collection publique aux États-Unis à acquérir des gravures de l’artiste.

1903

Biographie

L’historien de l’art Max Lehrs (1855-1938), directeur du cabinet des estampes de Dresde, publie dans la revue Die graphischen Künste un article élogieux sur l’artiste, accompagné d’un catalogue des 50 estampes de Kollwitz déjà dans la collection de Dresde.

Œuvre

Kollwitz est mise à l’honneur pendant l’exposition hivernale de la Sécession berlinoise et offre un aperçu de son travail en présentant 25 œuvres.

Histoire

Lors des élections du Reichstag, le Zentrumspartei (parti du Centre) remporte la majorité des sièges. La deuxième plus forte représentation est celle du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), qui envoie 81 députés au nouveau Reichstag. Depuis 1890, le vote SPD est majoritaire, mais cela ne se reflète pas dans le nombre de sièges obtenus en raison du découpage des circonscriptions

1904

Biographie

Käthe Kollwitz devient membre du Deutscher Künstlerbund (Association des artistes allemands) récemment fondé. Il s’agit d’une organisation chapeautant les Sécessions allemandes qui s’associe régulièrement à leurs expositions.

Käthe Kollwitz, Nu féminin, vers 1904-06, fusain, NT 318, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’artiste se rend à Paris pour la deuxième fois où elle étudie pendant deux mois à l’Académie Julian, vraisemblablement dans la classe de sculpture de Raoul Verlet (1857-1923).

Grâce à une lettre de recommandation de Hugo von Tschudi (1851-1911), directeur de la Nationalgalerie à Berlin, elle visite les ateliers d’Auguste Rodin (1840-1917) à Paris et à Meudon.

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Je suis tombée sous le charme de Paris. Le matin, j’allais à l’académie Julian, dans l’ancien bâtiment, suivre un cours d’initiation aux bases de la sculpture. Les après-midi et les soirs, je les passais dans les musées de cette ville éblouissante, dans les caves autour des Halles, dans les dancings de Montmartre, ou bien encore au bal Bullier.«
Käthe Kollwitz, Journal, Souvenirs, 1941

Mais surtout, c’est sa visite à Rodin, à Meudon dont Kollwitz se rappellera toute sa vie. Dans sa nécrologie de Rodin publiée en 1917, au milieu de la première guerre mondiale, dans les Sozialistische Monatshefte, elle se souvient et résume l’importance qu’a eu le sculpteur pour elle:

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À cette époque-là, pour moi, la sculpture moderne, c’était Rodin et personne d’autre. [...] d’où ses œuvres tenaient-elles ce qu’elles ont d’essentiel, d’évident et de passionnément exaltant ? [...] de sa capacité à trouver la forme plastique convaincante en parfaite adéquation avec l’émotion qu’elles renferment. [...] À chaque fois que je me trouvais face à son grand couple d’amoureux aux mains si expressives, ou aux Bourgeois de Calais ou bien encore à la Femme accroupie, j’étais instantanément submergée par une émotion intense.«
Käthe Kollwitz, Nécrologie de Rodin, in: Sozialistische Monatshefte, no 24, 28 novembre 1917

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Œuvre

À Paris, elle réalise plusieurs pastels colorés du »Caveau des Innocents«, la fameuse cave à vins sous les Halles de Paris.

La Verbindung für Historische Kunst (Association des arts historiques) commissionne Käthe Kollwitz pour la création du cycle »Guerre des paysans« comme don annuel pour ses membres.

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Afin de poursuivre son travail sur le cycle »Guerre des paysans«, en 1904, Käthe Kollwitz demande une subvention à la Verbindung für Historische Kunst. Pour cela, elle lui présente deux de ses gravures les plus récentes: »Assaut« (Kn 70) et »Femme avec enfant mort« (Kn 81).

Max Lehrs (1855-1938), directeur du cabinet des estampes de Dresde, lui vient en aide en profitant du fait que l’association tient son assemblée générale à Dresde en 1904 et l’élit à la commission chargée de proposer des œuvres gravées. Il ne faut à Lehrs que dix minutes pour obtenir l’accord de la commission en présentant les meilleures œuvres de l’artiste issues de la collection du cabinet des estampes.

Le marchand d’art Emil Richter de Dresde, qui représente déjà Kollwitz depuis 1899, finance en partie cet achat à condition que l’artiste lui transfère les droits de vente. Entre 1908 et 1910 le marchand d’art obtient les droits exclusifs d’édition de toutes les nouvelles gravures de l’artiste. En 1918, il acquerra presque toutes les plaques et pierre gravées existantes de Käthe Kollwitz.

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Käthe Kollwitz, Autoportrait de face, vers 1904, lithographie au crayon et pinceau en quatre couleurs ainsi que technique au crachis, Kn 85, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

C’est sans doute en 1904 que »l’Autoportrait de face« (Kn 85) est réalisé comme lithographie polychrome.

La plupart des lithographies de l'artiste, aussi celles en couleurs, sont imprimées par Hermann Birkholz (?-1927) à Berlin - y compris »l’Autoportrait de face« de 1904, l'une de ses feuilles les plus cotées aujourd'hui sur le marché de l'art. Les quelques tirages de cette œuvre ont été acquis de son vivant par certains de ses collectionneurs les plus importants: Erich Cohn, Campbell Dodgson, le conseiller privé Helferich, Ackermann & Sauerwein, Johanna et Walter Wolf, Salman Schocken ainsi que son futur éditeur Alexander von der Becke.

Histoire

La Grande-Bretagne et la France règlent leurs différences coloniaux par l’Entente Cordiale.

1905

Œuvre

Käthe Kollwitz, Pub à Hambourg, 1901, vernis mou avec impression de papier vergé, eau-forte et émeri, Kn 55, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz expose 13 œuvres au Salon des Indépendants de Paris.

Elle présente le cycle »Une Révolte des tisserands« (Kn 33–38), les eaux-fortes »Carmagnole« (Kn 51), »Pub à Hambourg«, (Kn 55), la lithographie »Femme à l’orange« (Kn 56), ainsi qu’au moins un dessin, »Nu féminin assis« (NT 170).

Histoire

Le chef d’état-major allemand, Alfred Graf von Schlieffen (1833-1913), propose un plan d’attaque secret dans le cas d’une guerre sur deux fronts contre la France et la Russie. Le plan Schlieffen déterminera la stratégie allemande au début de la Première Guerre mondiale.

Helene Stöcker (1869-1943) fonde le Bund für Mutterschutz (Confédération pour la protection de la maternité) à Berlin, à laquelle Kollwitz mettra plus tard à disposition certaines de ses œuvres. L’association préconise l’égalité de droit pour les couples non-mariés et les enfants nés hors mariage.

Le peintre Adolf von Menzel (1815-1905) meurt le 9 février.

Le groupe d’artistes Die Brücke est fondé à Dresde.

1906

Œuvre

Käthe Kollwitz, affiche de l’Exposition allemande sur le travail à domicile de Berlin, 1906, lithographie au crayon et au pinceau avec technique au crachis et grattoir, Kn 95 III, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz conçoit »l’affiche pour l’Exposition allemande sur le travail à domicile« (Kn 95) qui se tient à Berlin.

Berlin est le centre du travail à domicile pour l’industrie textile en Allemagne. L’exposition, qui connaît un succès sensationnel, est conçue par des bourgeois réformateurs et des syndicats. Il s’agit de la première exposition majeure sur ce sujet en Allemagne. Elle vise à attirer l’attention sur la faiblesse des salaires des ouvriers à domicile et à mettre en évidence leurs désastreuses conditions de travail et de vie.

Sous la République de Weimar a surgi une rumeur qui veut que l’impératrice ait refusé de visiter l’exposition tant que l’affiche était présentée.

Histoire

Le lancement du cuirassé britannique Dreadnought signe le début de la course aux armements entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne.

1907

Biographie

Käthe Kollwitz, 1906, photographe Philipp Kester, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz reçoit le prix de Villa Romana lors de la première exposition de gravures du Deutsche Künstlerbund (Fédération allemande des artistes).

Le prix, institué par Max Klinger (1857-1920), est doté de 2000 marks ainsi que d’une invitation à résider pendant un an au maximum à la Villa Romana à Florence.

Comme d’autres lauréats avant elle, Käthe Kollwitz n’y passe qu’un court laps de temps, probablement un peu plus de deux mois. 

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De Florence, Käthe Kollwitz écrit à sa sœur Lisbeth:

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Je reviendrais d’ici avec un cœur plus léger que de Paris. [...] Les énormes musées sont déroutants [...]. J’ai donc cherché mon bonheur dans les églises. Il y a là de très belles choses dans les fresques. J’ai fait le pèlerinage de toutes les églises et de tous les monastères [...]. - Ensuite, il y a le Bargello, où se trouvent tous les Donatello [...] ses garçons et ses jeunes hommes sont superbes, le David est magnifique. Enfin, j’ai osé retourner au Pitti et aux Offices. On y trouve des choses magnifiques. [...] Masaccio a été pour moi le plus saisissant avec une fresque de S. Maria del Carmine, où un garçon nu est agenouillé au milieu d’un groupe d’hommes figés, puis dans une Vierge son enfant sur ses genoux qui est elle-même assise sur les genoux de Sainte-Anne.«

Käthe Kollwitz, Lettre à Lisbeth Stern, mai 1907 mai, in: Hans Kollwitz, Tagebuchblätter und Briefe, 1948

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Une dernière randonnée de Florence à Rome avec la jeune anglaise friande d'aventures Constanze Harding-Krayl reste son expérience la plus impressionnante de ce voyage en Italie.

Maria Stern (1907 - 1993), 1930, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance de la nièce de Käthe Kollwitz, Maria Stern (1907-1993).
Maria Stern est la quatrième et la plus jeune des filles de sa sœur Lisbeth. Elle devient actrice, chorégraphe et auteure. Après avoir épousé le réalisateur et acteur hongrois Ernst Mattrey, elle émigre aux États-Unis en 1933, mais revient après la Seconde Guerre mondiale et écrit des scénarii pour des séries télévisées.

Histoire

Après l’accord russo-britannique, la France, la Grande-Bretagne et la Russie forment la Triple-Entente. Si l’on exclut son seul allié fiable l’Autriche-Hongrie, le Reich allemand se retrouve isolé sur la scène internationale.

Le SPD obtient la majorité des votes aux élections du Reichstag.

Fondation du Deutscher Werkbund (Association pour le design industriel).

1908

Biographie

Käthe Kollwitz avec plaque de cuivre, vers 1910, photographe : Hänse Herrmann, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Son journal débute en 1908.
Le journal de l’artiste n’est pas destiné à être publié. Il contient des réflexions personnelles, sur son travail, ainsi que des réflexions sur sa relation aux autres et sur ses positions politiques.
Après la mort de son fils Peter (1896-1914) au début de la Première Guerre mondiale, ses pensées (consignées dans le journal) tournent sans cesse autour de l’idéalisme de ses fils, du sacrifice de Peter pour sa patrie et de sa propre attitude à cet égard.
Les dix cahiers (du 18 septembre 1908 à mai 1943) sont conservés aux archives de la Stiftung Archiv der Akademie der Künste Berlin (Fondation pour les archives de l’Académie des arts de Berlin).

À la fin de 1908, son fils Hans Kollwitz (1892-1971) contracte la diphtérie et échappe de peu à la mort. Käthe Kollwitz traite de ce sujet dans plusieurs dessins et, surtout à partir de 1910/1911, dans plusieurs eaux-fortes.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Les Prisonniers, planche 7 du cycle Guerre des paysans, 1908, eau-forte, pointe sèche, émeri et vernis mou avec impression de textile et de papier report de Ziegler, Kn 102 IX a, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz termine son cycle »Guerre des paysans«. La série de gravure est présentée intégralement la même année à la grande exposition d’art à Dresde.

Avec le cycle »Guerre des paysans«, qui accroît considérablement sa renommée, la thématique révolutionnaire développée par l’artiste atteint son apogée et sa conclusion. Il est édité en soutien à la Verbindung für historische Kunst.

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Le marchand d’art Emil Richter de Dresde, finance en partie cet achat à la condition que l’artiste lui transfère les droits de vente. Entre 1908 et 1910 le marchand d’art obtient les droits exclusifs d’édition de toutes les nouvelles gravures de Käthe Kollwitz. En 1918, il acquerra presque toutes les autres plaques et pierres gravées existantes de l’artiste.

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Käthe Kollwitz, Asile de jour, 1908/09, pierre noire, plume et pinceau, encre noire et sépia sur papier vert-olive et fond rehaussé de blanc, NT (469a), collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

De 1908 à 1911, Kollwitz travaille pour l’hebdomadaire satirique Simplicissimus.
Vers 1908, son journal mentionne plusieurs fois les visites de patientes à son mari. Kollwitz y décrit les difficultés et les drames de la vie prolétarienne.
Avec 14 dessins pour le magazine satirique, elle s’empare des problèmes du prolétariat de façon plus frontale. Ses gravures sont de plus en plus l’instrument de son engagement politique et social.

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Devoir terminer rapidement, le besoin d’exprimer une chose populaire, et pourtant la possibilité - cela reste encore le plus simple - de continuer à faire œuvre d’artiste. Mais surtout, le fait de pouvoir exprimer plus souvent devant un large public ce qui m'irrite encore et encore et qui n’a pas été suffisamment répété: les nombreuses tragédies silencieuses mais criantes de la vie dans la grande ville - tout cela à la fois est ce qui me fait aimer ce travail à l’extrême.«
Käthe Kollwitz, Lettre à Beate Bonus-Jeep, in: Bonus-Jeep, Sechzig Jahre Freundschaft

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C’est probablement à l’automne 1908 que Käthe Kollwitz commence à travailler la sculpture.

Histoire

La loi sur le droit d’association, adoptée en avril 1908, permet désormais aux femmes de devenir membres et d’avoir une activité dans les associations politiques. Toutefois, le droit de voter et de se présenter aux élections ne leur est pas encore accordé.

1909

Biographie

Käthe Kollwitz avec ses fils Hans et Peter, 1909, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz assiste aux célébrations du centenaire de son grand-père Julius Rupp (1809 - 1884) à Königsberg.

Œuvre

Mémorial Julius Rupp à Königsberg, relief en bronze recréé par Harald Haacke en 1991, aujourd’hui installé devant la cathédrale de Kaliningrad, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Cette représentation de son grand-père, le »Portrait en bas-relief de Julius Rupp« (S.01), est la première œuvre sculptée de l’artiste. À l’occasion de son centième anniversaire, la communauté protestante libre de Königsberg érige un mémorial en l’honneur de son fondateur avec l’œuvre en bronze de Käthe Kollwitz.

Après la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle le relief a disparu, celui-ci est reconstitué par erreur d’après le portrait du père de Käthe Kollwitz. Ce n’est que depuis 1990 qu’une réplique fidèle de la sculpture remplace l’œuvre originale. Elle a été réalisée par le sculpteur berlinois Harald Haacke (1924 - 2004) à la fonderie berlinoise Noack.

L’artiste expose pour la première fois à la Biennale de Venise. Elle y présente un total de 13 œuvres dont le cycle des Tisserands et plusieurs feuilles de »Guerre des paysans«.

Kollwitz termine les six dessins de la série »Images de la misère« pour le Simplicissimus. Ils sont publiés d’octobre 1909 à janvier 1910.

Elle crée pour le Bund für Mutterschutz de Leipzig une gravure dont on a perdu la trace.

Histoire

À Munich, Wassily Kandinsky, Gabriele Munter, Alexeï Jawlensky, Marianne von Wedekind et d’autres fondent le groupe expressionniste Neue Künstlervereinigung.

Le 29 août, le premier zeppelin survole Berlin.

1910

Biographie

Käthe Kollwitz, Autoportrait de face, vers 1910, fusain sur papier Ingres bleu gris, NT 688, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Probablement en raison de son intérêt grandissant pour la sculpture, Käthe Kollwitz assiste au cours du soir de peinture de nus à l’école privée de peinture et de sculpture du sculpteur Arthur Lewin-Funcke (1866-1937).

Son fils aîné Hans Kollwitz (1892-1971) débute ses études de médecine.

Au printemps de 1910, l’artiste évoque l’expressionnisme pour la première fois dans son journal.

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En 1910, quand nombre d’expressionnistes de la Sécession berlinoise la quittent pour fonder la Nouvelle sécession, Käthe Kollwitz qualifie alors leur travail de »talentueux gribouillages«. [in: Journal, avril 1910].

Il est significatif que l’artiste, considérée aujourd’hui comme une expressionniste en raison de ses gravures sur bois des années 1920, change d'opinion sur ce nouveau courant après avoir assisté à une exposition noir et blanc de la Nouvelle sécession début octobre 1910:

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Peu à peu, j’arrive à me faire une idée de ce que ce nouveau courant pourrait avoir de bien. Il est justement un compagnon actif, inquiet, qui même peut créer au besoin comme le diable.«
Käthe Kollwitz, Journal, 9 octobre 1910

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Œuvre

Käthe Kollwitz, Mort, femme et enfant, 1910, eau-forte, pointe sèche, émeri et vernis mou avec impression de papier report de Ziegler, Kn 108 XIII, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Vers 1910/11, de nombreuses gravures sur le thème de la mort sont réalisées d’après dessins. L’artiste y aborde la diphtérie qui failli emporter son fils

Hans Kollwitz (1892-1971)

à la fin de 1908.


Käthe Kollwitz assiste aux émeutes de Berlin-Moabit et réalise des croquis sur place.

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Depuis trois nuits émeutes à Moabit. Aux dépôts de charbon de l’entreprise Kupfer, 50 ouvriers font grève [...]. Le deuxième ou troisième jour des événements, je suis allée voir dans la Beusselstraße. [...] La rue était pleine de travailleurs, pour la plupart des jeunes femmes qui se pressaient devant le portail avec leurs enfants. Des ouvrières d’usine. Tout le monde était à sa fenêtre. Les magasins avaient fermé tôt. Ambiance très tendue [...]. En position devant l’église, une rangée de policiers à cheval. [...] Les chargements de charbon qui ne sortent de chez Kupfer que sous protection policière créent l’événement et attisent les haines.«
Käthe Kollwitz, Journal, 29 septembre 1910

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Geschichte

Les émeutes de Moabit à Berlin débutèrent par une grève des ouvriers d’un marchand de charbon. Jusqu’à 30 000 personnes prirent part aux violents affrontements entre les ouvriers en grève et la police.

1911

Biographie

Käthe Kollwitz soutient l’Exposition sans jury organisée par Hermann Sandkuhl (1872-1936), mais doit y renoncer sous la pression de la Sécession berlinoise.

Histoire

À Berlin-Treptow, une manifestation de masse est organisée Contre le bellicisme! Pour la paix entre les peuples qui réunit 200 000 personnes.

Lors de la première Journée internationale des femmes, au Danemark, en Allemagne, en Autriche, en Suisse et aux États-Unis des manifestations sont organisées pour le droit de vote et l’émancipation des femmes. On compte 45 000 participantes à Berlin uniquement.

1912

Biographie

L’atelier berlinois du 11 Siegmundshof à Tiergarten avant 1945, photographe inconnu UNK., carte postale historique

Pour travailler sur sa sculpture, Käthe Kollwitz loue un atelier de sculpture dans le Siegmundshof à Berlin de septembre 1912 à l’automne 1928.

L’artiste reçoit la médaille d’or d'État de Salzbourg pour son eau-forte »La Carmagnole«, Kn 51.

À partir de 1912, Kollwitz est élue membre du conseil d’administration de la Sécession berlinoise. Après sa scission en 1913, elle rejoint la Sécession libre, dont elle est membre de 1914 à 1916.

Son plus jeune fils, Peter Kollwitz (1896-1914), débute une formation artistique au musée des arts appliqués de Berlin.

Œuvre

Käthe Kollwitz, affiche Pour le Grand Berlin, 1912, lithographie au crayon et au pinceau (report), Kn 122 I, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’artiste conçoit l’affiche »Pour le Grand Berlin« (Kn 122) pour le comité de propagande de cette organisation. Après l'intervention de l’Association des propriétaires fonciers et immobiliers, le chef de la police Traugott von Jagov (1865-1941) interdit l’affiche pour »incitation à la haine de classe«.

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Berlin et les villes adjacentes connaissent depuis la fin du XIXe siècle une croissance de population massive. Pour y répondre, un certain nombre de quartiers forment l’Association pour le Grand Berlin en 1911 afin de coordonner les plans de développement, de garantir des zones récréatives et d’unifier le réseau de transport.
En 1912, des architectes et des urbanistes, considérant que leurs idées ne sont pas suffisamment prises en compte, créent un comité de propagande et font la publicité de leurs réunions grâce à cette affiche.

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Käthe Kollwitz, Accouchement à la prison des femmes, 1912, pierre noire estompée, sur papier à dessin, NT 697, (esquisse pour une sorte d’Image d’Épinal), collection Kollwitz Cologne © musée Käthe Kollwitz Cologne

Elle expose deux dessins (aujourd’hui non identifiés) à l’exposition de Berlin La Femme au travail et à la maison.
Ses œuvres sont destinées à une sorte d’Image d’Épinal illustré de 13 vignettes pour la section La Femme dans les services sociaux dans lequel des artistes femmes explorent l’évolution de l’assistance aux femmes emprisonnées au XIXe siècle. Pour la première fois, les autorités de Berlin autorisent des artistes à dessiner dans les prisons.

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J’ai aimé et trouvé intéressant de visiter la prison des femmes - elle a encore son vieux nom sur une plaque avec ›prison de filles‹ (Weiber). La deuxième fois que je m’y suis rendue, j’ai dû attendre un certain temps dans le parloir. Il y avait là deux femmes en détention provisoire dont les fils étaient venus les visiter. L’une pleurait à grandes eaux. Une troisième a dit : ›ne pleure pas, si tu pleures, la vie sera encore plus triste.‹
Il y avait tant de chagrin et de détresse dans cette salle d’attente. Horrible!«
Käthe Kollwitz, Lettre à Hans Kollwitz datée du 3 mars 1912, in: Briefe an den Sohn

L’exposition La Femme au travail et à la maison, organisée par le Lyceums Club de Berlin, donne un aperçu des activités des 9,5 millions de femmes travaillant en Allemagne notamment dans l'éducation, l'agriculture, le travail social, le commerce, les transports, les soins aux malades et le journalisme. Dans la section dédiée aux beaux-arts, on montre une sélection de 250 œuvres de femmes artistes d’Allemagne, de Paris, de Londres, de Florence et de Rome.

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Jusqu’en 1918, Käthe Kollwitz se consacre à la sculpture. Au cours des trois années suivantes, elle travaillera entre autre sur le thème des amants, ce qui aboutira en 1915 au »Couple amoureux« (Seeler 13).

Histoire

Avec plus de 4 millions de votes le SPD recueille plus du tiers des suffrages lors des élections du Reichstag et devient le groupe parlementaire le plus important. Au lieu de l'ancienne position révolutionnaire, de nombreux sociaux-démocrates envisagent désormais une prise de pouvoir pacifique.

Le 20 octobre, à l’appel du SPD, 250 000 personnes manifestent à Berlin pour un droit de vote démocratique en Prusse, contre la hausse des prix des denrées alimentaires et contre les menaces de guerre.
Lors de ce rassemblement de masse auquel Käthe Kollwitz, son mari et son fils Peter prennent part, les participants adoptent par acclamation la résolution de combattre aux côtés des ouvriers de tous les pays pour lutter contre la guerre, conséquence des politiques impérialistes.

Gerhart Hauptmann (1862-1946) reçoit le prix Nobel de littérature.

Naufrage du Titanic.

1913

Biographie

Après la scission de la Sécession berlinoise, Käthe Kollwitz rejoint la Sécession libre, au comité de laquelle elle siègera de 1914 à 1916.

L’artiste participe à la fondation de la Frauenkunstverband (Association féminine des arts) qu’elle préside jusqu’en 1923.

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De 1904 à 1908 Käthe Kollwitz signe plusieurs pétitions sans succès demandant le permis d’admission et d’enseignement des femmes artistes dans les académies d’art. L’Association des femmes artistes en fait son objectif principal. Mais la revendication n’aboutira en Prusse que progressivement à partir de 1919.

L’association appelle également à l’égalité des droits des femmes dans les sociétés d’artistes et dans les comités d’attribution de prix, à une meilleure représentation dans les jurys, les commissions d’achat et d’accrochage. De plus, elle organise expositions de femmes artistes.

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Peter, le plus jeune fils de Käthe Kollwitz, assiste à la Première journée de la jeunesse allemande libre sur le Hoher Meißner (massif montagneux en Hesse).

Œuvre

Käthe Kollwitz, Cimetière de mars, 1913, lithographie au crayon en deux couleurs, Kn 128, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz réalise la lithographie »Cimetière de mars« (Kn 128) en soutien à la Freie Volksbühne qui en propose l’achat comme don pour ses membres. Le directeur de l’association est le frère de Käthe Kollwitz, Konrad Schmidt (1863-1932).
Encore étudiant à Berlin, Konrad avait emmené sa sœur au cimetière des morts de la Révolution de mars. Depuis son déménagement à Berlin, Käthe Kollwitz le visite régulièrement.

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Je visite le cimetière des morts de mars 1848 chaque année, le 18 mars. Les ouvriers défilent lentement en longue colonne, du matin jusqu’au soir, devant les tombes. On dépose sur les pierres tombales des couronnes avec des rubans rouges et des inscriptions, dont un grand nombre ont été coupés par les policiers à l’entrée. Avant la guerre, le 18 mars était un jour célébré par toute la classe ouvrière rouge de Berlin.«
Käthe Kollwitz sur la lithographie »Cimetière de mars«, in: Das neue Kollwitz-Werk, Dresde, 1933.

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Johannes Sievers (1880-1969) présente le catalogue raisonné de l’œuvre gravé de Käthe Kollwitz.

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Johannes Sievers, assistant du directeur du cabinet des estampes de Berlin, réalise le premier catalogue raisonné en coopération avec Käthe Kollwitz. C’est le marchand d’art Emil Richter qui, à la fin de 1910 ou au début de 1911, avait commandé l’ouvrage, principalement basé sur les collections des cabinets des estampes de Berlin et de Dresde, ainsi que sur les œuvres en possession de l’artiste.

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Histoire

Plus important renforcement des effectifs de l’armée depuis 1871, de 136.000 à 780.000 hommes.

À la mort d’August Bebel (1840-1913), Hugo Haase (1863-1919) et Friedrich Ebert (1871-1925) deviennent présidents du SPD.

Inauguration à Leipzig du monument de la Bataille des Nations.
Le Mouvement de la jeunesse organise la Première journée de la jeunesse allemande libre sur le Hoher Meißner en réaction à cette inauguration.

1914 - 1918

1914

Biographie

Au début de la Première Guerre mondiale, Käthe Kollwitz rejoint brièvement le Nationaler Frauendienst (service national des femmes) qui considère son travail comme l’équivalent d’un service sur le front.

Peter Kollwitz en soldat, vers 1914, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Peter Kollwitz (1896-1914), son plus jeune fils qui n’est pas encore majeur, reçoit la permission de son père de s’engager comme volontaire dans l’armée.

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En raison d’une erreur de jugement sur les causes de la guerre et malgré des sentiments contradictoires, Käthe Kollwitz soutient Peter pour obtenir le consentement du père.

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Karl a usé de tous les arguments possibles pour l’en dissuader. [...]: ›La patrie n’a pas encore besoin de toi, sinon elle t’aurait déjà appelé‹. Peter à voix plus basse mais ferme: ›La patrie n’a pas encore besoin de ma classe, mais elle a besoin de moi.‹ Et il se retournait constamment vers moi en m’implorant du regard [...]. Puis il finit par dire: ›Maman quand tu m’as pris dans tes bras tu m’as dit: Dis-toi bien que je ne suis pas lâche, nous sommes prêts.‹ Je me suis levée [...]. Ensuite j’ai défendu la cause de Peter auprès de Karl. [...] Ce sacrifice qu’il m’arracha et qu’à mon tour, j’arrachai à Karl!«
Käthe Kollwitz, Journal, 10 août 1914

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Peter tombe près de Dixmude en Belgique le 22 octobre.

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C’est à partir de cette date que j’ai commencé à vieillir, à me rapprocher de la tombe. Ça a été la cassure. Je ploie tellement que je ne pourrai plus me redresser totalement.«
Käthe Kollwitz, Journal, 12 octobre 1917

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À la demande de ses parents, le fils aîné Hans Kollwitz (1892-1971) intègre l’armée comme ambulancier. En décembre il contracte la diphtérie dans un sanatorium pour les malades du typhus à Spa, en Belgique. Son père reçoit la permission de lui rendre visite.

Œuvre

Avant la mort de son fils, Käthe Kollwitz réalise la lithographie »Das Warten« (L’Attente, Kn 132) pour le magazine Kriegszeit-Künstlerflugblätter, publié par Paul Cassirer (1871-1926). Cassirer interrompt la parution de Kriegszeit pour créer Bildermann en 1916. L’artiste contribue aussi à ce dernier magazine avec la lithographie »Mutter mit Kind auf dem Arm« (Mère avec son enfant dans les bras, Kn 136).

Käthe Kollwitz, Soldat mort, personnage central parmi trois statues pour le projet abandonné du Monument aux Morts, 1915 - 1918 (?), plâtre, dimensions inconnues (probablement plus grande que nature), œuvre perdue © Landesarchiv, Berlin

Depuis la fin de 1914, Käthe Kollwitz se consacre à son projet de mémorial pour le sacrifice des jeunes volontaires, incarnés par la figure du fils, avec le père près de sa tête et la mère à ses pieds.

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Dans l’œuvre achevée seulement en 1932, après 18 années de travail, elle abandonne l’héroïsation des morts de la guerre et même la représentation du fils. Le changement de conception du monument correspond à une douloureuse évolution intérieure qui aboutit au rejet de toute guerre.

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Histoire

Déclenchement de la Première Guerre mondiale.

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L’héritier du trône d’Autriche, l’archiduc François Ferdinand (1863-1914) est assassiné le 28 juin 1914 à Sarajevo par un membre d’une organisation secrète serbe, que l’on découvrira plus tard proche des autorités officielles. En conséquence, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet. Le 1er août, après la mobilisation russe, l’Empire allemand, allié de l’Autriche déclare la guerre aux alliés de la Serbie, à la Russie tout d’abord, puis deux jours plus tard à la France.

Le SPD soutient le gouvernement qui veut amener l’opinion public à croire que le Reich allemand est engagé dans une guerre défensive contre la Russie. Karl Liebknecht (1871-1919) est le seul député du SPD à voter contre l’emprunt de guerre en décembre.

Après de brefs succès, une guerre de positions de quatre ans commence sur le front occidental. Au cours de plusieurs offensives infructueuses (dont la bataille de Verdun en 1916 qui représente la quintessence de la cruauté de la guerre) des millions de soldats mourront sacrifiés sous le feu des armes les plus modernes, notamment les gaz toxiques et les bombardements aériens.

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1915

Biographie

L’année 1915 est marquée par la perte de son fils cadet Peter Kollwitz (1896-1914), décédé à Dixmude le 22 octobre 1914.

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La tombe de son fils se trouvant dans une zone de guerre en Belgique, sa chambre dans l’appartement familial devient un lieu de recueillement pour ses parents, sa famille et ses connaissances. Les amis intimes de Peter se rapprochent de Käthe Kollwitz. Elle les laisse même l’appeler ›mère‹ et partage leur destin. Comme Peter, ils meurent presque tous à la guerre.

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Œuvre

Käthe Kollwitz, Mère debout, pressant son bébé contre son visage, 1915, fusain sur papier gris, fixatif à la gomme-laque, NT 722 collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz traite son chagrin par le travail, notamment avec le très expressif dessin au fusain »Mère debout, pressant son bébé contre son visage« NT 722.

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Je suis en train de travailler à l’offrande. Je devais tout changer – ça s’imposait à moi. Sous mes doigts, le personnage se ployait vers l’avant comme de sa propre volonté. Maintenant ce n’est plus la femme debout bien droite qu’elle était. Elle se courbe profondément en offrant son enfant. Avec une infinie humilité.«
Käthe Kollwitz, Journal, 27 avril 1915

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L’artiste recherche des soutiens pour son projet de monument à Peter et à tous les volontaires de la guerre. Elle se laisse conseiller et se met au travail.
L’installation prévoyait trois personnages plus grands que nature, où le fils était entre son père et sa mère. Elle devait être construite sur la langue de terre de Schildhorn à Grunewald, un lieu de promenade dominicale très prisé par les Berlinois.

Histoire

Le 22 avril, pendant la bataille d’Ypres, les troupes allemandes utilisent des gaz toxiques pour la première fois.

Le 19 juin, les principaux représentants du SPD appellent leur parti à se retirer de l’union sacrée.

La Grande-Bretagne met en place un blocus naval pour couper l’approvisionnement des puissances centrales, l’Allemagne et l’Autriche. Ce blocus de la faim entraîne une grave pénurie de matières premières et alimentaires dans le Reich allemand.

1916

Biographie

Käthe et Karl Kollwitz célèbrent leurs noces d’argent.

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Je n’ai jamais manqué de ton amour et il nous a permis de rester ensemble maintenant depuis 25 ans. [...] Lentement l’arbre de notre mariage a poussé, pas aussi droit et sans entrave que beaucoup d'autres. [...] La brindille ondulante est devenue l'arbre plein de force en son cœur.«

Käthe Kollwitz, annexe du journal, 13 juin 1916

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Karl et Hans Kollwitz, vers 1915, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Son fils aîné Hans Kollwitz (1892-1971) est stationné en Roumanie dans une unité de reconnaissance en ballons captifs.

Käthe Kollwitz s’interroge de plus en plus sur le sens de la guerre. Son journal témoigne de manière éloquente de sa progressive et douloureuse évolution intérieure vers le pacifisme, qui culmine dans la résistance publique de l’artiste contre la guerre en 1918.

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Peter, [...] tous avaient mis leur vie au service du patriotisme. Tout comme les jeunes Anglais, Russes et Français. La conséquence en a été un terrible corps à corps, l’appauvrissement de l’Europe dans ce qu’elle a de plus beau. Est-ce que dans tous ces pays la jeunesse a été trompée? A-t-on utilisé sa capacité à se sacrifier pour rendre la guerre possible? Où sont les coupables? Y en a-t-il? Ont-ils tous été dupés? Est-ce que ça a été une folie collective? Quand et comment va-t-on ouvrir les yeux?«
Käthe Kollwitz, Journal, 11 octobre 1916

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Durant ce que l’on appelle en Allemagne le Steckrübenwinter (littéralement hiver des rutabagas, aussi appelé hiver de la famine) de 1916/17, les envois de nourriture de son fils Hans sont d’une grande aide.

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La voix de Lina [Lina Mäkler, la domestique de la famille Kollwitz] a tremblé quand elle a sorti le sac de farine (de ton paquet). Tu ne peux même pas imaginer l'importance de choses telles que la farine, les haricots, l'huile, le pain, les petits pois, bref tous ces délices que contenait la boîte. [...] Nous n’allons plus manger à la cuisine populaire car elle est de plus en plus insuffisante. Mais je ne sais pas encore si nous pourrons survivre sans elle sur le long terme.«
Käthe Kollwitz, Briefe an den Sohn, 26 mars 1917

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Œuvre

Käthe Kollwitz, Couple amoureux, vers 1913-1915, fusain, Seeler 13, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’artiste présente »Couple amoureux« (Seeler 13), sa première sculpture, à l’exposition de printemps de la Freie Secession (Sécession libre).

Käthe Kollwitz, Mère avec son enfant dans les bras, 1916, lithographie au crayon (report), Kn 136 A II, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Bildermann, édité par Paul Cassirer (1871-1926), reproduit la lithographie »Mère avec son enfant dans les bras«, Kn 136.

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Le magazine Bildermann prend la relève de Kriegszeit de Cassirer en 1916. Il propose aussi des lithographies originales de nombreux artistes célèbres. Mais le ton est de plus en plus pacifiste. Cela correspond à la lassitude croissante de la population face à la guerre.

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Histoire

Karl Liebknecht (1871-1919), homme politique du SPD, est accusé de haute trahison après son discours contre la guerre du 1er mai 1916. Il est condamné à une peine de 4 ans et 1 mois d'emprisonnement. Une grève de protestation est organisée à Berlin: la Liebknechtstreik (Grève de Liebknecht).

La pénurie de denrées alimentaires qui sévissait déjà en 1915, en particulier dans les villes, s’aggrave dramatiquement après une récolte de pommes de terre catastrophique en 1916. Pendant Steckrübenwinter (l’hiver de la famine) de 1916/17 le chou et le navet, généralement destinés aux porcs, remplacent le pain et les pommes de terre. La santé des populations urbaines se dégrade rapidement. La ville de Berlin met en place de grandes cantines pour approvisionner la population.

Le peintre Franz Marc (1880-1916) meurt le 4 mars près de Verdun, en France. La Münchener Secession (Sécession de Munich) organise une exposition spéciale en son honneur.

Lilly Braun (1865-1916), militante des droits des femmes, meurt le 8 août.

1917

Biographie

Le 8 juillet, Käthe Kollwitz célèbre son 50e anniversaire.

Woldemar von Seidlitz (1850-1922), conseiller de la collection royale d’art de Dresde, saisit cette occasion pour proposer à Preußische Akademie der Künste (l’Académie des arts de Prusse) à Berlin d’offrir un poste de professeur à l’artiste.

En 1917, sa sœur aînée, Julie Hofferichter (1860-1917) meurt.

Œuvre

Couverture du catalogue de l’exposition du 50e anniversaire de Käthe Kollwitz à la galerie Paul Cassirer, Berlin 1917, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

De nombreuses expositions sont organisées cette année-là. Le cabinet des estampes de Berlin expose la quasi-totalité des estampes de l’artiste.
Pour la première fois, Kollwitz présente un grand nombre de dessins à la galerie Paul Cassirer (1871-1923). Cette exposition voyage ensuite à Königsberg, Dresde, Hambourg et Mannheim.

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Ça [l’exposition chez Cassirer]a été un grand succès. Partout, j’ai entendu dire qu’elle avait fait unanimement forte impression. [...] Si mon travail est toujours perçu de cette façon – même après des décennies – alors ça aura été une réussite. Alors, j’aurai contribué à l’enrichissement des hommes. J’aurai apporté ma pierre à l’édifice. Comme chacun d’entre nous, d’ailleurs, mais j’aurai eu la chance de pouvoir le faire à un niveau supérieur à beaucoup d’autres.«

Käthe Kollwitz, Journal, 13 mai 1917

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Histoire

Après que plusieurs membres du SPD se sont opposés avec véhémence aux objectifs expansionnistes de la guerre en 1916, ils sont expulsés du parti en 1917. À la suite de conflits internes, le SPD se scinde en deux : Le MSPD (Mehrheitssozialdemokratische Partei Deutschlands - Parti social-démocrate majoritaire d'Allemagne) est présidé par Friedrich Ebert (1871-1925) et le USPD (Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands - Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne), est présidé par Hugo Haase (1863-1919). Son parti s’allie à la Spartakusbund (Ligue spartakiste), dont les membres les plus en vue sont Rosa Luxemburg (1871-1919) et Karl Liebknecht (1871-1919).

La grève d’avril 1917 fait suite à la Liebknechtstreik (grève de Liebknecht) en 1916. Il s’agit du deuxième mouvement de masse en Allemagne à ce moment de la guerre. Ce qu’on appelle aussi la grève du pain est déclenchée pour protester contre les restrictions alimentaires. Elle suit directement les émeutes de la faim qui ont eu lieu pendant Steckrübenwinter (l’hiver de la famine) de 1916/17.

En Russie, la révolution de février met fin au régime tsariste. Suite à révolution de novembre, Vladimir Ilitch Lénine (1870-1924) instaure la république soviétique.

1918

Biographie

Käthe Kollwitz rédige une lettre ouverte contre l’Aufruf zum letzten Kriegsaufgebot (l’appel à la poursuite de la guerre) de Richard Dehmel (1863-1920). Elle est publiée dans le Vorwärts le 28 octobre puis dans la Vossischen Zeitung le 30 octobre.

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Je m’oppose à Richard Dehmel. Comme lui, je soupçonne qu’un appel à l’honneur ne serait suivi que par un groupe restreint. Et à nouveau, comme à l’automne 1914, ce serait principalement la jeunesse d’Allemagne [...] Il en résulterait certainement que tous ceux prêts à se sacrifier seraient effectivement sacrifiés et que, après quatre années passées à verser quotidiennement son sang, l’Allemagne serait en effet saignée à mort. [...] À mon avis, cette perte pour l’Allemagne serait bien pire et plus irremplaçable encore que la perte de provinces entières. [...] Les idées ont beaucoup changé pendant ces années. Moi aussi je veux afficher mon sens de l’honneur. [...]
Il y a eu assez de mort! Personne ne doit plus mourir! J’invoque contre Richard Dehmel un plus grand que lui, qui a dit ›Les graines de semence ne doivent pas être moulues‹.«

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Pendant la révolution de novembre, le 9 du même mois, le social-démocrate Philipp Scheidemann (1865-1939) proclame la république depuis un balcon du Reichstag; Käthe Kollwitz se mêle à la foule pour y assister.

Le 17 novembre, le Vorwärts imprime l'appel de l'artiste à recevoir dignement les soldats rentrés à Berlin. Cet appel amène diverses personnes et institutions à s’occuper du problème. Le 1er décembre, Berlin s’y joindra officiellement en faisant pavoiser la ville.

Le 20 novembre, son fils aîné, Hans Kollwitz (1892-1971), revient de la guerre.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Mères, 1918, eau-forte, émeri, vernis mou avec impression de papier vergé et faisceau d'épingles, Kn 137 III, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz commence à travailler sur sa série de gravures »Guerre« (1918-1922/23). Pendant la dernière année de la guerre, elle prévoit d’abord de réaliser le cycle en eau-forte. Mais, en 1919/20 elle le retravaille pour le lithographier. Finalement, elle le gravera sur bois entre 1921 et 1923.

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Je me suis lancée [...] dans un travail qui me hante depuis 1914 [...]. Il n’en existait que des dessins jusqu'à présent. Montrés à personne. Dessinés en larmes. Mis à part que je ne pensais même pas faire de gravures ces prochaines années, deux autres raisons ont fait que j'ai continué à repousser le projet. D’abord, la peur de sortir de ces années avec ce vécu plus qu’intime [...], puis le sentiment de gâchis face au travail à l’atelier […], face à la vie et à la mort.«
Käthe Kollwitz, Briefe an den Sohn, 31 janvier 1918

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Histoire

Pendant les grèves de janvier, plus d’un million d’ouvriers réclament de meilleures conditions de vie et de travail, la fin de la Première Guerre mondiale et une démocratisation de la constitution de l’Empire allemand.

Après plusieurs mois de négociations, le traité de paix de Brest-Litovsk est signé le 3 mars entre la Russie soviétique et les puissances centrales, l’Allemagne et l’Autriche.

La révolution de novembre conduit à l’abdication de l’empereur Guillaume II le 9 novembre. Le social-démocrate Philipp Scheidemann (1865 - 1939) proclame la République.

La Première Guerre mondiale s’achève avec l’armistice signé à Compiègne le 11 novembre, entre l’Allemagne et les deux puissances occidentales, la France et la Grande-Bretagne. Elle a fait 10 millions de morts et 20 millions de blessés.

1919 - 1926

1919

Biographie

Käthe Kollwitz, 1920, photographe: Robert Sennecke, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz est nommée membre et professeur de l’Académie des arts de Prusse. Il s’agit de la première nomination d’une femme artiste en plus de 100 ans.

Kollwitz signe la Déclaration au sujet de Liebknecht-Luxemburg, une protestation de la Ligue pour la promotion de l’humanité contre les meurtres de Karl Liebknecht (1871-1919) et Rosa Luxemburg (1871-1919), dont elle est une des initiatrices.

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L’appel est envoyé à 1200 personnalités de premier plan et signé par Albert Einstein, Magnus Hirschfeld, Maximilian Harden et Walter Rathenau, un geste courageux à une époque où les menaces de mort et les assassinats politiques d’extrême droite se multipliaient.

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La mère de Käthe Kollwitz, Katharina Schmidt (1837-1925) emménage dans l’appartement de la famille Kollwitz.

Le ministre des sciences Konrad Haenisch nomme Konrad Schmidt (1863-1932), le frère de l’artiste, au poste de professeur honoraire d’histoire et de théorie du socialisme à l’Université technique de Berlin.

Œuvre

Entre 1919 et 1923, Kollwitz conçoit de nombreux dessins, estampes et affiches sur la misère de l’après-guerre.

Käthe Kollwitz, Hugo Haase sur son lit de mort, 1919, lithographie au crayon en deux couleurs, Kn 147, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz dessine Karl Liebknecht (1871-1919) à la morgue suite à son assassinat le 15 janvier, sur demande de sa famille.

La même année, elle consacre une lithographie à Hugo Haase (1863-1919), mort le 7 novembre à la suite d’un attentat. L’artiste connaissait le pacifiste et président de l’USPD depuis sa jeunesse.

L’artiste interrompt son travail sur le monument à son fils mort jusqu’en 1924.

Histoire

La révolte de janvier avec des combats de rue qui a lieu à Berlin du 5 au 12 janvier est réprimée dans le sang par l’USPD et la KPD, fondé par la Ligue spartakiste. Le 15 janvier Karl Liebknecht (1871-1919) et Rosa Luxemburg (1871-1919) sont assassinés par des soldats des corps francs.

Les élections de l’Assemblée nationale constituante se tiennent le 19 janvier. Le suffrage est égalitaire, direct et secret pour tous les hommes et les femmes d’au moins 20 ans.

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Pour la première fois en Allemagne, les femmes sont autorisées à voter. En raison des troubles politiques, l’Assemblée nationale ne se réunit pas dans la capitale impériale, mais dans le théâtre national de Weimar et adopte la première constitution démocratique et parlementaire en Allemagne à l’été 1919. Le lieu a donné son nom à la République de Weimar.

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Signature le 19 juin du traité de Versailles. L’Allemagne et ses alliés, en tant que fauteurs de guerre, doivent payer d’énormes réparations pour les pertes et dommages engendrés.

Le 7 novembre, le politicien USPD Hugo Haase (1863-1919) succombe à ses blessures après la tentative d’assassinat du 8 octobre.

Les troubles politiques se succèdent jusqu’en 1924, tentatives de coup d’état de la droite, assassinats politiques et émeutes fomentées par le KPD et l’USPD.

1920

Biographie

Ottilie Ehlers-Kollwitz, vers 1920, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Son fils aîné, Hans termine ses études de médecine et épouse Ottilie Ehlers (1900-1963).


Sa femme est issue d’une famille de propriétaires terriens de Prusse-Orientale. Elle étudie les arts graphiques à Berlin à l’école Reimann et, à partir des années 1930, elle illustre des livres pour enfants dont notamment les contes de Grimm avec Hans Baluschek. En 1946, la Galerie Hennig à Halle publie un album de 13 gravures sur bois et des xylographies, représentant essentiellement des paysages de Prusse-Orientale.

Ils ont quatre enfants, Peter (1921-1942), les jumelles Jördis (1923-2017) et Jutta (1923-2021), et Arne (né en 1930). Le couple nomme leur premier fils d’après le frère cadet de Hans Kollwitz, mort à l’âge de 18 ans en 1914.

Käthe Kollwitz prononce une oraison pour la Sécession libre devant la tombe de Max Klinger (1857-1920).

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Le discours de Käthe Kollwitz est transmis par l’architecte Hilbersheimer:

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Nous, les jeunes, courions les cabinets d’estampes à Munich, à Berlin pour voir les gravures de Max Klinger. Dans ces planches, ce n’était pas la virtuosité technique que nous aimions, [...] mais la prodigieuse énergie vitale et la vigueur de l’expression qui en émanaient. [...] Nous le savions : Max Klinger ne demeure pas à la surface des choses, il pénètre jusqu’à l’obscur tréfonds de la vie. [...] Il faisait appel à tout le répertoire de la vie, il l’appréhendait dans ce qu’elle a de violent, de merveilleux et de triste et nous le donnait à voir.«
Käthe Kollwitz, Journal, articles, mi-juillet 1920

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Le 1er août, l’artiste participe à la grande manifestation des blessés et des victimes de guerre.

Dans son journal, elle prend ses distances avec l’attitude révolutionnaire de sa jeunesse. La raison en est qu’au cours du congrès de l’USDP celui-ci décide de rejoindre l’Internationale communiste.

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Révolutionnaire, je l’ai été; quand j’étais enfant puis adolescente je rêvais de révolution et de barricades et si j’étais jeune à l’heure actuelle je serais sûrement communiste, d’ailleurs j’incline encore de ce côté mais [...] j’ai vécu la guerre et j’ai vu disparaître Peter et des milliers d’autres jeunes. Je suis horrifiée et bouleversée par toute cette haine qui règne dans le monde, et j’appelle de tous mes voeux le socialisme qui laissera les hommes vivre tranquillement.«
Käthe Kollwitz, Journal, octobre 1920

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Œuvre

Käthe Kollwitz, Consultation chez le pédiatre, deuxième des trois Tracts contre l’usure, 1920, lithographie au crayon (report), Kn 156, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz conçoit trois »Tracts contre l’usure«, commandés par les services de police de l’état de Berlin pour le commissariat d’état à la nutrition du peuple.

Les pénuries alimentaires et l’inflation naissante entraînent une forte augmentation des prix. On demande à la population de dénoncer les pratiques usuraires.

Käthe Kollwitz, Estampe en mémoire de Karl Liebknecht, troisième et dernière version, 1920, gravure sur bois, Kn 159 VI, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’»Estampe en mémoire de Karl Liebknecht« dans sa version finale s’inspire des gravures sur bois de Ernst Barlach présentées lors d’une exposition de la Sécession libre de Berlin. Il s’agit d’une des premières feuilles réalisées avec cette technique.

Indignée par l’assassinat de Karl Liebknecht (1871-1919) et Rosa Luxemburg (1871-1919) tout autant que impressionnées par le cortège funèbre que l’USPD et le KPD qui s’est transformé en manifestation de masse, Kollwitz décide de traiter artistiquement les adieux des ouvriers à Liebknecht sans pour autant adhérer à sa politique.

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En tant qu’artiste j’ai le droit de puiser dans toute ce réservoir d’émotions, de m’en imprégner pour ensuite le restituer. J’ai ainsi donc le droit de représenter l’adieu des ouvriers à Liebknecht, de le leur dédier même, sans pour autant être sur la ligne politique de Liebknecht. N’ai-je pas raison?«
Käthe Kollwitz, Journal, octobre 1920

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Parution du portfolio ›Richtermappe‹ avec 23 facsimilés des œuvres de Käthe Kollwitz. Elle se charge elle-même du choix des feuilles qui sont imprimées sur le même papier que les originaux.

Le portfolio est publié avec une lithographie originale, des photogravures de 23 dessins et une lithographie en couleurs plus ancienne par Emil Richter à Dresde, l’éditeur de l’artiste. Les facsimilés portent au verso son cachet de forme ovale avec les initiales entrelacées ›ERV‹.

Histoire

Le 10 janvier, la Société des Nations, fondée à la conférence de paix de Paris en 1919 débute ses travaux.

Le 13 mars, le coup d’État contre-révolutionnaire de Kapp est écrasé. Le Reich allemand connaît un état de guerre civile et le gouvernement fuit de Berlin à Stuttgart.

Grèves et manifestations de masse dans la région de la Ruhr.

Max Liebermann (1847-1935) devient président de l’Académie des arts de Prusse.

1921

Biographie

Ottilie Ehlers-Kollwitz avec Peter, vers 1921, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance de Peter Kollwitz (1921-1942), premier petit-fils.


Le fils de Hans Kollwitz et d’Ottilie Ehlers-Kollwitz est le premier des petits-enfants et porte le nom du fils de l’artiste, mort en 1914. Il sera enrôlé dans la Wehrmacht en 1940 et tombera sur le front est près de Rjev le 22 septembre 1942.

De 1921 à 1933, l’artiste est membre de la commission de l’Académie des arts de Prusse. Celle-ci détermine le programme des expositions temporaires et choisit les artistes invités aux expositions de l’Académie organisées tous les six mois.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Les Mères, planche 6 de la série Guerre, 1921-22, gravure sur bois, Kn 176 III, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Kollwitz travaille de 1921 à 1923 sur la série de gravures »Guerre«.
La première série de gravures sur bois de l’artiste met en évidence son changement d’attitude vis-à-vis de la Première Guerre mondiale; de partisane elle devient pacifiste. La série se termine par un appel aux mères à ne plus abandonner leurs enfants à la guerre, une préoccupation qui taraudera Kollwitz jusqu’à sa mort, et dont elle fera son ›testament‹ en 1941.

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J’ai toujours essayé de donner une forme à la guerre. Je n’y arrivais pas. Aujourd’hui, j'ai enfin terminé une série de gravures sur bois qui disent à peu près ce que je voulais dire. [...] Ces feuilles doivent voyager partout dans le monde et dire sommairement à tous : c’était ainsi, voilà ce que nous tous avons enduré pendant ces années incroyablement difficiles.«
Käthe Kollwitz, Lettre à Romain Rolland,
23 octobre 1922, in: Briefe der Freundschaft

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Käthe Kollwitz, Aidez la Russie, 1921, lithographie au crayon (report), Kn 170 A I, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

À l’appel de Lénine, qui demande à tous les artistes et intellectuels progressistes d’aider à surmonter la sécheresse catastrophique sur la Volga, Kollwitz intègre pendant trois ans le comité central respectivement le comité étranger de l’organisation communiste du Secours ouvrier international (IAH), non pour des raisons politiques, mais pour des raisons humanitaires.

L’artiste dessine l’affiche »Aidez la Russie« (Kn 170) pour le Soutien aux artistes, un département subordonné de l’IAH dont le but est de soutenir cette organisation avec des affiches et des expositions.

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Je participe avec les communistes à la campagne contre la faim qui frappe la Russie. Et me voilà à nouveau mêlée à la politique bien malgré moi. J’ai fait une affiche, un homme prêt à s’écrouler vers qui des mains secourables se tendent. Dieu merci, c’est réussi.«
Käthe Kollwitz, Journal, 12 septembre 1921

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De 1921 à 1934, Käthe Kollwitz participe aux expositions noir et blanc de l’Académie des Arts de Prusse.

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Max Liebermann (1847-1935) devient président de l’institution le 1er octobre 1920. En plus des expositions de l’Académie où la peinture à l’huile et la sculpture prédominent, il organise chaque années les expositions noir et blanc. Käthe Kollwitz y participe régulièrement dès leur création en 1921, et ce jusqu’en 1934.

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Histoire

La sécheresse et la famine dans la région de la Volga, causées par la révolution, la guerre civile et les expropriations, touchent 36 millions personnes. Le lauréat du prix Nobel de la paix, Fridtjof Nansen (1861-1930), appelle la Société des Nations à envoyer de l’aide à la Russie.

Le calendrier des paiements établi par la conférence de Londres fixe les réparations dues par l’Allemagne aux alliés à 132 milliards de marks-or payables en 42 ans. Le gouvernement allemand rejette la demande comme étant irréalisable. Des rassemblements de protestation sont organisés.

1922

Biographie

Käthe Kollwitz signe, avec Albert Einstein entre autres, l’appel Pour une entente avec la France de la Ligue allemande des droits de l’homme.

L’artiste assiste à la cérémonie lors de la journée de recueillement à la mémoire des morts allemands de la Première Guerre mondiale instituée en 1919, qui se déroule pour la première fois au Reichstag.

Heinz Bonus, fils de son amie Beate Bonus-Jeep, emménage dans l’appartement des Kollwitz de la Weißenburgerstraße. Il y restera pensionnaire pendant trois ans et demi.

Histoire

Walter Rathenau (1867-1922) devient ministre des Affaires étrangères et négocie le traité de Rapallo par lequel le Reich allemand rompt son isolement diplomatique. Le 24 juin, il est assassiné.
De nombreux autres attentats secouent la population. Le publiciste et rédacteur en chef de la revue hebdomadaire Die Zukunft Maximilian Harden (1861-1927) est grièvement blessé dans un de ces attentats.

L’inflation dans le Reich allemand ne cesse de croître.

1923

Biographie

Jördis et Jutta Kollwitz, vers 1927, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance de ses petites-filles jumelles Jördis (1923-2017) et Jutta (1923-2021).

Jutta Bohnke-Kollwitz étudie la littérature allemande. Elle fonde en 1960 la Germanica Judaica à Cologne, une bibliothèque sur l’histoire du judaïsme allemand et elle est la première directrice du musée Käthe Kollwitz à Cologne, de 1985 à la fin de 1989. En 1989, elle édite l’intégralité du journal de Käthe Kollwitz, et en 1992, un choix des lettres de l’artiste à son fils Hans.

Les deux filles de Hans Kollwitz et Ottilie Ehlers-Kollwitz s’occupent de l’artiste pendant la dernière année de sa vie à Moritzburg.

En 1923, Käthe Kollwitz subit une opération à la vésicule biliaire.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Les Survivants, 1923, lithographie au crayon et au pinceau et grattoir (report), Kn 197 II b 2, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’artiste conçoit l’affiche »Les Survivants - Guerre à la guerre« (Kn 197) qui est traduite en de nombreuses langues.

Après Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923), elle est le deuxième artiste graveur auquel la Confédération internationale des syndicats commande une affiche pour la journée contre la guerre en septembre 1924 pour commémorer le dixième anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

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En des moments pareils quand je me dis que je suis collaboratrice d’une organisation internationale contre la guerre, je suis envahie par un sentiment de fierté très agréable. Certes, mon art n’est pas de l’art pur comme on l’entend de celui de Schmidt-Rottluff, par exemple. Mais c’est de l’art quand même. [...] Je suis d’accord, mon art a un but. Je veux agir en ces temps où les gens sont si désemparés et si désorientés.«
Käthe Kollwitz, Journal, 4 décembre 1922

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Avec l’affiche »Les enfants d’Allemagne meurent de faim!« (Kn 202) pour le Secours ouvrier international (IAH) Kollwitz dénonce au sommet de l’inflation la détresse des enfants en Allemagne.

L’artiste publie le portfolio »Adieu et mort« regroupant huit facsimilés de dessins de 1910 à 1923, imprimés en offset, ainsi qu’une introduction de Gerhart Hauptmann (1862-1946). Une édition limitée comprend aussi une lithographie originale.

Lors de l’exposition de l’Académie, elle présente pour la première fois la série de gravures »Guerre« ainsi que des esquisses et des feuilles sur le thème de ›la mort‹.

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J'ai […] exposé ma série de gravures sur bois Guerre et de nombreux dessins. Vous connaissez les années difficiles qui sont à l’origine de ces œuvres. Je m'attendais à ce qu'elles trouvent un écho, mais pas à un tel retentissement. Savoir que j'ai pu parler au nom de tant de gens me remplit de joie. [...] C’est également lié au fait que je vends suffisamment pour que nous ne soyons plus dans le besoin pour le moment.«
Käthe Kollwitz, lettre à Erna Krüger du 13 novembre 1923, Staatsbibliothek Preußischer Kulturbesitz Berlin, département des documents manuscrits

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Histoire

Des divisions belges et françaises occupent la région de la Ruhr en réaction aux arriérés de paiement des réparations dues à la France.

L’inflation atteint son plus haut niveau et l’Allemagne compte plus de 2 millions de chômeurs. À partir de l’été 1923, les prix augmentent plusieurs fois par jour. Si une miche de pain coûte environ 1 250 marks en juin, à la mi-novembre son prix dépasse les 5 milliards. Les économies des ménages perdent toute valeur. Afin d’être en mesure d’acheter le strict minimum, les femmes d’ouvriers attendent leurs maris les jours de paie devant les portes de l’usine pour aller directement faire leurs courses en portant l’argent dans des paniers ou des brouettes. Le sort des chômeurs et encore pire, leur nombre a été multiplié à l’automne de 1923.
Le 15 novembre 1923, l’adoption du rentenmark enraie la spirale inflationniste.

Échec de la tentative du parti nazi (NSDAP) de renverser le gouvernement du Reich à Berlin par le coup d’état hitlérien le 8 et 9 novembre 1923.

1924

Biographie

Käthe Kollwitz devient membre du conseil d’administration de l’association de promotion du centre d’éducation pour adulte de Prerow dans la péninsule de Darß. Celle-ci avait été fondée par le pédagogue réformiste et dessinateur Fritz Klatt (1888-1945).

Œuvre

Käthe Kollwitz, Plus jamais la guerre, 1924, lithographie au crayon et au pinceau, affiche pour la Journée de la jeunesse de l’Allemagne centrale à Leipzig du 2 au 4 août 1924, Kn 205 IIIb, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Elle réalise l’affiche »Plus jamais la guerre« (Kn 205) à l’occasion de la Journée de la jeunesse de l’Allemagne centrale à Leipzig. Elle deviendra une icône du mouvement pacifiste après la Seconde Guerre mondiale et ce jusqu'à tard dans les années 1980.


Mit der Lithographie »Brot«, Kn 208, beteiligt sich Käthe Kollwitz gemeinsam mit Otto Dix, George Grosz, Eric Johansson, Otto Nagel, Karl Völker und Heinrich Zille an der Graphikmappe Hunger - sieben Originallithographien, die von Otto Nagel (1894-1967) für die Künstlerhilfe der Internationale Arbeiterhilfe (IAH) herausgegeben wird.

Avec sa lithographie »Pain« (Kn 208), Käthe Kollwitz participe au portfolio de gravures »Hunger« (Faim) au côté d'Otto Dix, George Grosz, Eric Johansson, Otto Nagel, Karl Völker et Heinrich Zille. Le portfolio est composé de sept lithographies originales et est publié par Otto Nagel (1894-1967) pour le Soutien aux artistes du Secours ouvrier internationale (IAH).

L’artiste reprend le travail interrompu depuis 1919 sur le mémorial à son fils Peter, mort en 1914.

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Son évolution personnelle vers le pacifisme et son rejet de toute guerre l’amènent à repenser le projet sans la figure du fils mort, cette composition se rapprochant trop des traditionnels mémoriaux. Kollwitz se limite aux parents survivants. Elle ne prévoit plus d’installer son œuvre sur les hauteurs de la Havel à Berlin, mais au cimetière militaire à Roggevelde en Belgique, où son fils Peter est enterré.

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Käthe Kollwitz participe à la première grande exposition d’art allemand à Moscou.

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Otto Nagel (1894-1967) organise cette exposition qui présente plus de 500 œuvres d’environ 130 artistes en faveur du Secours ouvrier internationale (IAH) et part la présenter à Moscou. L’exposition offre un aperçu des courants artistiques les plus récents, à commencer par l’expressionnisme. Seuls Hans Baluschek, Ernst Barlach, Käthe Kollwitz et Heinrich Zille représentent la Sécession libre.

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Histoire

Le plan Dawes aménage le versement des réparations par l’Allemagne aux puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale.

1925

Biographie

Katharina Schmidt (1837-1925) avec ses filles Käthe (à gauche) et Lise (à droite) sur le balcon de l’appartement de la Weißenburgerstraße, vers 1920, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Mort de la mère de l’artiste, Katharina Schmidt (1837-1925), qui vivait depuis 1919 dans l’appartement de la famille Kollwitz sur la Weißenburgerstraße.
Anna Butzke (1863-1925), l’épouse de son frère Konrad, meurt également en 1925. Celui-ci emménage avec Käthe et Karl Kollwitz après la mort de sa femme.

Käthe Kollwitz, Mère avec enfant sur son dos, vers 1925/26, fusain, NT 1018, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Le documentariste Hans Cürlis (1889-1982) réalise un court-métrage sur Käthe Kollwitz pour sa série de films entamée en 1923, Schaffende Hände (Les Mains créatrices).
Ces séquences dédiées à des peintres, sculpteurs et graphistes tels que Lovis Corinth, Max Liebermann ou Renée Sintenis documentent la façon de travailler de chaque artiste. On peut y voir Käthe Kollwitz en train de dessiner »Mère avec enfant sur son dos« NT 1080.
Les films ont été projetés individuellement, mais aussi en matinées cinématographiques ainsi que comme suppléments au programme régulier dans des cinémas.

Œuvre

Création de la série de gravures sur bois »Prolétariat«, Kn 215, Kn 216, Kn 222.

Histoire

Paul von Hindenburg (1847-1934) est élu deuxième Président du Reich de la République de Weimar après la mort de Friedrich Ebert (1871-1925).

Après sa sortie de prison en décembre 1924, Adolf Hitler (1889-1945) refonde le Nationalsozialistische Arbeiterpartei Deutschlands - NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands) en février 1925.

1926

Biographie

Käthe Kollwitz est membre du comité de présélection des artistes pour le grand prix national de sculpture et d’architecture décerné par l’Académie des arts de Prusse.

Fides Rüstow, la fille du sociologue Alexander Rüstow (1885-1963), un ami proche de la famille, emménage comme pensionnaire chez les Kollwitz.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Autoportrait, 1926 - 1936, bronze, Seeler 26 II.B.1, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

De 1926 à 1936, Käthe Kollwitz travaille à son autoportrait sculpté.

L’un des trois fontes en bronze coulés probablement de son vivant est acquis dans les années 1930 par le collectionneur new yorkais Erich Cohn (1898-1972), (aujourd’hui: collection privée, Berne). Un autre est acheté par Joseph Katz (dates inconnues) (aujourd’hui: Baltimore Museum of Art, États-Unis). Le Käthe Kollwitz Museum Köln possède le troisième exemplaire depuis 2016.

La journaliste et collectionneuse berlinoise Louise Diel (1893-1967) organise une exposition itinérante de Käthe Kollwitz en 1925. Elle s'arrête en 1925/26 à New York, en 1926 à Genève et Berne, et enfin en 1927, à l’occasion du 60e anniversaire de l’artiste, dans plusieurs villes d’Allemagne.

Käthe Kollwitz se rend au cimetière militaire de Roggevelde, en Belgique, sur la tombe de son fils Peter Kollwitz (1896-1914), mort durant la Première Guerre mondiale. À son retour, elle commence la version finale de son mémorial »Parents en deuil«.

Histoire

L’Allemagne adhère à la Société des Nations.

La nomination de Joseph Goebbels (1867-1945) comme chef du parti nazi de Berlin conduit à la radicalisation du combat politique.

1927-1932

1927

Biographie

Käthe Kollwitz, Autoportrait de profil, 1927, lithographie au crayon (report), Kn 235 b, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz reçoit de nombreux hommages à l’occasion de son 60e anniversaire le 8 juillet 1927.
Parmi les 500 lettres et télégrammes, les félicitations du ministre de l’Intérieur du Reich, du ministre prussien de la Culture, du secrétaire d’État aux arts, du maire de Berlin et de l’ambassadeur de Russie. montrent que pendant la République de Weimar, Käthe Kollwitz jouit d’une renommée allant bien au-delà des cercles artistiques. Gerhart Hauptmann publie un bref hommage dans le Berliner Tageblatt.

Käthe Kollwitz, novembre 1927 à Moscou, entourée d’artistes et d’acteurs russes, photographe inconnu © Sybille Schallenberg-Nagel

L’artiste reçoit une invitation aux célébrations du 10e anniversaire de la révolution d’Octobre et se rend à Moscou en compagnie de son mari.
L’écrivain et publiciste Arthur Holitscher, l’écrivain Johannes R. Becher, la militante des droits des femmes Helene Stöcker sont également invités, ainsi que l’économiste Robert René Kuczynski, fondateur en 1925 du Comité pour le référendum sur l'expropriation sans indemnité des princes, auquel participe aussi Käthe Kollwitz.

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Avant son voyage en Russie, Käthe Kollwitz déclare:

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Ce n'est pas l'endroit pour dire pourquoi je ne suis pas communiste. Mais c’est l’occasion de dire que les événements des dix dernières années en Russie me paraissent d’une ampleur et d’une portée comparables à celles de la grande révolution française. [...] Dans un article écrit au début de la République soviétique, Gorki parlait de voler ›les semelles tournées vers le hautt‹.
Je crois pouvoir ressentir cet envol dans la bourrasque en Russie.«

Käthe Kollwitz dans le Berliner Arbeiter-Illustrierte-Zeitung (AIZ), 6e année, n°43 du 26 octobre 1927

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Œuvre

Le jury de l’Exposition d’automne de l’Académie des arts de Prusse pour l’examen des œuvres soumises, de gauche à droite : Philipp Franck, August Kraus, Käthe Kollwitz, Max Liebermann, Fritz Klimsch et Ulrich Hübner, 1927, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

À l’occasion de son 60e anniversaire, lors de l’Exposition d’automne de l’Académie des arts de Prusse, Kollwitz présente un aperçu de son œuvre gravé avec près de 100 estampes et dessins issus de sa collection personnelle ainsi que de collections publiques et privées.

HistoirE

Arrêt du contrôle militaire interallié en Allemagne.

Les unités de combat du KDP et du parti nazi s’engagent dans des affrontements sanglants à Berlin.

1928

Biographie

Käthe Kollwitz, 1928, photographe: Emil O. Hoppe, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

À partir de 1928, et jusqu’en 1933, Käthe Kollwitz devient la première femme à diriger l’un des six ateliers de la section des beaux-arts de l’Académie des arts de Prusse et, à ce titre, membre du Sénat. Elle reçoit un grand atelier pour son usage personnel.

La même année, à la suite d’une grippe, elle fait plusieurs accidents cardiaques. L’artiste est malade et suit une cure pendant de nombreux mois.

Œuvre

Création de plusieurs œuvres de petit format, dont un dessin pour la couverture de la brochure »Plus jamais la guerre« de la Confédération syndicale internationale, ou encore pour une carte postale commémorative du SPD de Leipzig pour le 10e anniversaire de la révolution de 1918 (NT 1163a).

Histoire

Gerhart Hauptmann (1862-1946) devient président de la section des arts poétiques à l’Académie des arts de Prusse.

La Vossische Zeitung publie les bonnes feuilles du roman anti-guerre de Erich Maria Remarque (1898-1970) »À l’Ouest, rien de nouveau«.

1929

Biographie

Käthe Kollwitz, 1929, photographe: Lotte Jacobi, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz est la première femme qui reçoit la croix Pour le Mérite des Sciences et des Arts le 29 mai 1929.


Le théologien Adolf von Harnack (1851-1930), chancelier de l’ordre, lui remet sa décoration dans son atelier. Pendant la République de Weimar, Max Liebermann, Gerhart Hauptmann, Max Slevogt, Leopold Graf von Kalckreuth et, en 1933, Ernst Barlach se voient également attribués cet honneur. Ces remises de décorations à des artistes étaient inconcevables sous le règne de Guillaume II.

Œuvre

Käthe Kollwitz, L’Enfer des pauvres, 1929, lithographie au crayon et au pinceau (report), Kn 248, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Après la mort de Heinrich Zille (1858-1929) Käthe Kollwitz et Hans Baluschek (1870-1935) reprennent en son honneur la supervision du film »L’Enfer des pauvres«, et Kollwitz en réalise l’affiche. Le film est réalisé avec la participation significative d’Otto Nagel (1894-1967).

Histoire

Le nombre de chômeurs dans la République de Weimar s’élève à 2,8 millions.

Le 24 octobre 1929, jeudi noir, le cours des actions à la bourse de New York chute brutalement. Le lendemain, la crise gagne les bourses européennes. Cet effondrement du marché boursier est le prélude à la grande dépression.

1930

Biographie

Käthe et Karl Kollwitz avec leur petit-fils Arne (*1930), vers 1932, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Naissance du plus jeune petit-fils de l’artiste

Arne Andreas Kollwitz (*1930).


Le professeur et docteur Arne Kollwitz est pendant de nombreuses années le médecin chef du département d’urologie de l’hôpital St. Francis de Berlin, dont il devient plus tard le directeur médical. Depuis la mort de son père Hans Kollwitz (1892-1971), il préside la communauté héréditaire de Käthe Kollwitz.

Käthe Kollwitz signe la pétition en faveur de la révolutionnaire russe Maria Alexandrovna Spiridonova (1884-1941) qui a été emprisonnée et bannie. Elle participe également à une manifestation contre la relégation de scientifiques russes.

Après l’interdiction du film de Erich Maria Remarques (1898-1970) »À l’Ouest, rien de nouveau«, des intellectuels renommés, dont Käthe Kollwitz, Heinrich Mann et Karl Zuckmayer, obtiennent l’autorisation de projection, quoique dans une version abrégée.

Œuvre

L’artiste supervise la mise en place de sa gravure »Les Mères» de la série »Guerre« en sgraffite dans la Maison de l’aide sociale aux ouvriers à Saarebruck, 1930, (non conservé), photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’artiste supervise la mise en place de sa gravure »Les Mères» de la série »Guerre« en sgraffite dans la Maison de l’aide sociale aux ouvriers à Saarebruck (non conservé).

Histoire

Avec le plan Young, le gouvernement accepte un nouvel échéancement du paiement des réparations qui répond aux souhaits de l’Allemagne de réduire le fardeau de sa dette.

Le nombre de chômeurs s’élève à 3,5 millions. Lors des élections du Reichstag, le parti nazi connaît une brusque envolée de son nombre de sièges.

Ouverture à Berlin du musée Pergamon.

1931

Biographie

Alexander von der Becke (1902-1958), en 1946, au premier plan le maire de Berlin Ernst Reuter, photographe inconnu © Galerie Kornfeld, Berne

Après la faillite du marchand d’art Emil Richter de Dresde, le berlinois Alexander von der Becke (1902-1958) assure la représentation de l’œuvre graphique de Kollwitz.

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Les premières difficultés apparaîtront deux ans plus tard, au printemps 1933, à l’arrivée au pouvoir de Hitler. Même si les ventes s’effondrent rapidement, von der Becke poursuive son activité jusqu’à la fermeture de sa maison d’édition par la Gestapo en 1941. Le marchand d'art reprend son activité en 1945. Après sa mort, la continuité de la maison d'édition est assurée de 1958 à 1974 par son épouse Johanna et son fils Bernhard.

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Œuvre

Käthe Kollwitz, La Mère (1926-32), Le Père (1928-32), plâtre, 3e version, détruite en 1945 © Landesarchiv, Berlin

Après 18 ans de travail, de 1914 à 1931, Käthe Kollwitz termine le plâtre du mémorial »Les Parents« en deuil et le présente à l’Académie des Arts de Prusse.

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C’est un grand moment dans ma vie, un moment vraiment marquant. Depuis des années j’y travaillais dans le plus grand secret, personne n’y avait accès, Karl et Hans tout juste, et voilà que maintenant j’ouvre grand les portes pour qu’un maximum de gens puisse les voir. Un grand pas qui a été pour moi source d’inquiétude et de soucis mais aussi de joie grâce la reconnaissance unanime de mes pairs.«
Käthe Kollwitz, Journal, 22 avril 1931

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Histoire

Le nombre de chômeurs atteint près de 4,5 millions personnes.

Un décret-loi entre en vigueur le 28 mars, limitant le droit de réunion et la liberté de la presse afin de lutter contre les violences politiques.

La KDP organise des marches de la faim dans plusieurs villes.

Pendant les émeutes du Kurfürstendamm, le 12 septembre, les entreprises juives sont saccagées par la SA (groupe paramilitaire nazi).

1932

Biographie

Pour le 65e anniversaire de Käthe Kollwitz, Otto Nagel (1894-1967) organise une exposition de 142 œuvres de l’artiste à Moscou et à Léningrad.

Affiche »Appel urgent«, 1933 © bpk, Berlin

Avec son mari Karl Kollwitz et 33 autres personnalités, dont Heinrich Mann, Albert Einstein, Erich Kästner, Ernst Toller et Arnold Zweig, Käthe Kollwitz signe l’›Appel urgent‹, un appel placardé pour la formation d’un front commun du SPD et du KDP afin de contrer une majorité nazie.

Après l’arrivée au pouvoir de Hitler en 1933, Käthe et Karl Kollwitz, ainsi que 19 autres personnes, lanceront un nouvel appel à l’union des partis de gauche afin d’empêcher à la dernière minute qu’un gouvernement nazi ne détruise les libertés individuelles et politiques.

Konrad Schmidt (1863-1932), le frère de l’artiste, meurt le 14 octobre.

Œuvre

Käthe Kollwitz, mémorial Parents en deuil, 1924-1932, granit, installation originale au cimetière militaire de Roggevelde près de Dixmude, Belgique, de juillet 1932 à 1955, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz expose les sculptures en pierre »Parents en deuil« dans l’entrée de la Nationalgalerie de Berlin.

La même année, le mémorial est érigé au cimetière militaire de Roggevelde, en Belgique.

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Les sculptures sont transposés en petit granit dit également ‘pierre bleue Belge’ par les sculpteurs August Rhades et Fritz Diederich d’après les modèles en plâtre. Cela a été rendu possible par un don du gouvernement allemand et de l’État de Prusse pour le 60e anniversaire de l’artiste en 1927.

Ludwig Justi (1876-1957)
, directeur de la Nationalgalerie de Berlin, acquiert les plâtres pour le Palais du Kronprinz.

L’installation des sculptures en pierre à Roggevelde près de Dixmude est supervisée par Käthe Kollwitz. Après la fermeture du cimetière en 1955, les dépouilles et le mémorial sont transférés au cimetière militaire de Vladslo-Praedbosch.

En 1957, Joseph Beuys et Erwin Heerich, deux étudiants d'Ewald Mataré, produisent une copie des sculptures agrandies de 10 % en calcaire coquillier pour le monument aux morts Alt St. Alban à Cologne.

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Depuis 1910, elle revient constamment dans sa sculpture sur le thème de la ›mère avec enfant‹, mais sans parvenir à une solution satisfaisante.
Ce n'est qu'en 1932, après l'achèvement des travaux sur le mémorial »Parents en deuil«, que ce projet commence finalement à prendre forme avec la sculpture Mère avec deux enfants réalisée en plâtre en 1936.

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Je travaillais déjà sur ce motif avant la guerre. Puis, entre temps, tout le reste est arrivé. Lorsque je suis passée de Siegmundshof à l'Académie, j’ai fait confectionner un moule qui m’a permis d’en faire un moulage quand les sculptures pour le cimetière militaire furent terminées. Mais il fallait tout changer. Parce qu'entre-temps, les jumelles (Jördis et Jutta) sont nées et depuis que je t'ai vu - un enfant dans chaque bras - je savais que je devais ajouter un enfant à mon travail.«
Käthe Kollwitz, Lettre à Ottilie Kollwitz du 15 juillet 1937, in: Briefe an den Sohn

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Histoire

En 1932, le nombre de chômeurs dépasse les 6 millions.

Lors des élections du Reichstag en juillet et novembre, le parti nazi arrive en tête en nombre de voix. De graves affrontements se déroulent dans plusieurs grandes villes allemandes entre les nazis et les communistes pendant les célébrations de mai.

La première autoroute est ouverte à la circulation. Elle relie Cologne et Bonn.

1933 - 1945 

1933

Biographie

Käthe Kollwitz et Karl Kollwitz, 1931, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Le 15 février 1933, Käthe Kollwitz est obligée à démissionner de l’Académie des arts de Prusse.
Après la prise de pouvoir des nazis, et comme en 1932, Käthe et Karl Kollwitz ainsi que Heinrich Mann (1871-1950) apportent leur soutien à l’appel pour l’union des partis de gauche lors de la dernière élection dites ›libres‹ du 5 mars 1933.

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Sous la menace de fermer autrement l’Académie des arts de Prusse, Heinrich Mann et Käthe Kollwitz sont par la suite contraints à la démission. En solidarité, le délégué à l’urbanisme Martin Wagner (1885-1957) démissionne de son poste.
Cependant, elle conserve officiellement sa charge auprès de l’État de Prusse jusqu’à son départ à la retraite le 15 septembre 1933. Elle peut utiliser l’atelier de la Hardenbergstraße jusqu’au début de 1934.

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À la fin de mars 1933, le couple Kollwitz, comme de nombreux autres intellectuels, communistes et sociaux-démocrates, se rend à Marienbad en République tchèque pour échapper aux menaces d’arrestation par les nazis.  

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Käthe et Karl Kollwitz reviennent en Allemagne deux semaines plus tard et seront témoins de l’arrestation ou de la fuite de leurs amis partageant les mêmes idées. L’artiste fait l’expérience de la persécution des juifs, sa sœur Lisbeth Stern (1870-1963) ayant intégré par son mariage une famille juive. Son fidèle soutien Max Liebermann (1847-1935) et certains de ses collectionneurs les plus importants, dont Salman Schocken (1877-1959) et Julius Freund (1869-1941), sont également juifs.

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Le 1er Juillet, parce qu’il est le co-fondateur de Sozialdemokratischer Ärzteverein (l'Association des médecins sociaux-démocrates), Karl Kollwitz se voit retirer pour plusieurs mois son affiliation à la caisse d’assurance-maladie. Son fils Hans, également social-démocrate, est temporairement licencié de son poste de médecin de l’éducation nationale.

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Hans Kollwitz subit également une perquisition pendant laquelle des livres sur sa mère doivent être confisqués.

En 1934, Karl Kollwitz est encore menacé du retrait de son affiliation à la caisse d’assurance-maladie, ce qui l’empêche de subvenir aux besoins de sa famille.

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Pour la troisième fois, on lui interdit l’activité conventionnée. Cette fois au prétexte qu’il a été membre de la Ligue des droits de l’homme ! Comme il ne l’a jamais été - c’était moi - la procédure de licenciement comme médecin de la caisse ne peut pas légalement aboutir. Ils trouveront bien une autre raison.«
Käthe Kollwitz, lettre à Max Lehrs du 12 juillet 1934, Staatsbibliothek Munich.

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Œuvre

Käthe Kollwitz devant son autoportrait NT 1240, 1933, photographe : A. Grimm, © bpk Berlin

La prise de pouvoir par les nazis plonge l’artiste dans une crise existentielle, la réalisation de le »Autoportrait, profil gauche« (NT 1240), est pour elle une manière d’auto-vérification artistique.

La popularité de Käthe Kollwitz aux États-Unis s’accroît.
En 1933, le Art Museum Worcester (Massachusetts) organise une exposition Kollwitz, puis, en 1934, c’est l’université de Harvard qui expose ses estampes. En 1934/35 des expositions itinérantes sont organisées aux États-Unis.

Histoire

La République de Weimar disparaît avec la nomination de Adolf Hitler (1898-1945) au poste de chancelier du Reich le 30 janvier 1933.

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Le 28 février, au lendemain de l’incendie du Reichstag attribué aux communistes, une loi abolissant les droits fondamentaux de la Constitution de Weimar entre en vigueur. Des milliers de personnes sont arrêtées, principalement des communistes, mais aussi des sociaux-démocrates. Les journaux de gauche, dont le Vorwärts, sont immédiatement interdits.

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Le 1er avril est lancé le premier appel au boycott des entreprises, des banques, des médecins et des avocats juifs.

Le 10 mai, dans presque toutes les grandes villes d’Allemagne ont lieu des autodafés organisés et souvent préparés d’une manière systématique.

Le 22 juin, le SPD est déclaré ennemi du peuple et de l’État, et donc interdit.

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Dans les semaines qui suivent, 3 000 sociaux-démocrates sont arrêtés. Dès le mois de mars, les premiers camps de concentration sont construits, dont celui d’Oranienburg, près de Berlin et celui de Dachau. On y emprisonne les opposants politiques, principalement des sociaux-démocrates et des communistes.

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À partir du 14 juillet, tous les partis, à l’exception du parti nazi, sont interdits ou dissouts.

1934

Biographie

Käthe Kollwitz dans son atelier de la Klosterstraße, 1937, photographie : Georg Tietzsch, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Après avoir vidé son studio à l’Académie des arts, Käthe Kollwitz loue un espace de travail dans Ateliergemeinschaft Klosterstraße (atelier communautaire de la Klosterstraße) de l’automne 1934 à 1940.
Malgré les interdictions indirectes d’exposer, l’artiste y est régulièrement représentée de 1935 à 1938 aux expositions annuelles, mais doit plusieurs fois remplacer des œuvres refusées par la Chambre de la culture du Reich.

Elle devient un modèle d’intégrité et d’opiniâtreté pour ses collègues plus jeunes.

Œuvre

Käthe Kollwitz, La Mort s’empare des enfants, planche 3 de la série Mort, 1934, lithographie au crayon et au pinceau, Kn 266, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Après avoir quitté son atelier à l’Académie des arts, Käthe Kollwitz commence à travailler au printemps 1934 sur sa dernière série de gravures »Mort«. Cinq planches sont présentées à l’exposition d’automne de l’Académie des arts.


À partir d’octobre, elle interrompt son travail pour se concentrer à nouveau sur la sculpture »Mère avec deux enfants« dans son nouvel espace de travail dans l’atelier communautaire de la Klosterstraße.

Histoire

Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, Hitler donne l’ordre d’assassiner les dirigeants de la SA, y compris le chef d’état-major Ernst Röhm. La propagande nazie justifiera plus tard l’action comme une mesure préventive contre un coup d’État imminent, le soi-disant Röhm-Putsch (putsch de Röhm).

Dans la région de Sarre, plus de 90 % de la population optent pour un rattachement à l’Allemagne.

1935

Biographie

Le 8 février, Käthe Kollwitz assiste aux funérailles de Max Liebermann (1847-1935), ostracisé en raison de ses origines juives.

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La mort du citoyen d’honneur de Berlin passe presque inaperçue aux yeux de la population berlinoise. L’Académie des Arts rejette l’idée de rendre hommage à son ancien président. Outre les parents et les amis, seuls quatre artistes suivent le cercueil dans le cimetière juif de la Schönhauser Platz: Käthe Kollwitz, Hans Purrmann, Konrad von Kardorff et Leo Klein von Diepold. Käthe Kollwitz contrevient d’ailleurs à l’interdiction faite aux non-juifs de visiter l’exposition commémorative organisée au musée juif de Berlin en 1936.

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Œuvre

Au printemps 1935, peu avant l’inauguration, ses œuvres sont retirées de l’exposition Berliner Kunst (L’art de Berlin) à la Neue Pinakothek de Munich: Il en sera de même durant l’hiver 1935/36 lors d’une exposition à Düsseldorf.

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Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, seuls quelques marchands d’art, dont Ackermann & Sauerwein à Munich, osent encore inscrire les estampes de l’artiste à leur catalogue. Käthe Kollwitz n’a donc pratiquement aucun revenu et doit, avec son mari, de plus en plus puiser dans leur épargne.

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Käthe Kollwitz, tombe familiale avec le relief Repose en paix entre ses mains, 1935/36, bronze, érigé en 1936, cimetière de Berlin-Friedrichsfelde, photographe: Hohlfeld © Ullstein

De 1935 à 1936, Käthe Kollwitz travaille au relief en bronze »Ruht im Frieden seiner Hände« (»Repose en paix entre ses mains«, Seeler 30) destiné à sa sépulture familiale.


Les frères et sœurs Konrad Schmidt (1863-1932), Käthe Kollwitz et Lisbeth Stern (1870-1963) ont acquis une concession au cimetière central de Berlin-Friedrichsfelde pour eux-mêmes et leurs conjoints. Après la mort de son mari en 1934, Lisbeth Stern demande à sa sœur de réaliser une sculpture. L’artiste réalise un relief en bronze en 1935/36. Après 1945, le cimetière étant situé à Berlin Est (RDA), Lisbeth Stern ne peut pas y être inhumée à sa mort, en 1963.

Histoire

En mars le premier exercice d’alerte aérienne se déroule à Berlin, avec une simulation d’attaque et d’extinction des feux.

Le 15 septembre, les Nürnberger Gesetze (lois antisémites de Nuremberg) sont promulguées.

Hitler rompt le Versailler Vertrag (traité de Versailles) avec la réintroduction de la conscription et le renforcement des effectifs de la Wehrmacht qui atteignent alors 580 000 hommes.

À Berlin s’ouvre l’exposition Das Wunder des Lebens (Le Miracle de la vie) qui a pour but de diffuser à grande échelle la propagande de la théorie raciale nazie.

À Düsseldorf, l’exposition Frau und Volk (La Femme et le peuple) vise à promouvoir le rôle des femmes en tant que mères et ›responsables du foyer‹.

1936

Biographie

Un article sur Käthe Kollwitz, dans le quotidien gouvernemental de Moscou Izvestia, rapporte les interdictions d’exposition dont elle fait l’objet et déclare de façon erronée que l’artiste se trouve dans la misère depuis l’arrivée au pouvoir des nazis. À la suite de ces affirmations, elle subit un interrogatoire par la Gestapo, qui la menace d’un internement en camp de concentration.

Œuvre

Käthe Kollwitz devant la grande sculpture Mère avec deux enfants, vers 1937, dans son atelier de la Klosterstraße, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Kollwitz termine sa sculpture »Mère avec deux enfants« (Seeler 29) et fait faire un tirage en ciment à partir du modèle en plâtre.

La veille de l’ouverture de l’exposition Berliner Bildhauer von Schlüter bis zur Gegenwart (Sculpteurs de Berlin, de Schlüter à nos jours), à l’occasion du 150e anniversaire de l’Académie des arts, les œuvres de Käthe Kollwitz et de Ernst Barlach sont retirées.

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Et ce curieux silence quand on a retiré mes travaux de l’exposition de l’Académie et ensuite du Kronprinzenpalais. Pratiquement personne ne m’en a touché mot. Je m’attendais à ce que les gens viennent me voir ou au moins m’écrivent – mais non. Un tel silence autour de moi. Ça fait partie de la vie!«
Käthe Kollwitz, Journal, novembre 1936

Parmi les pièces de Kollwitz qui devait être exposées au palais du Kronprinz, se trouvait le plâtre de la mère des »Parents en deuil«. L’étage supérieur du palais, où sont montrées deux sculptures de l’artiste est fermé par les nazis le 30 octobre, mais reste accessible aux visiteurs qui en font la demande.

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Histoire

La conquête d’un nouvel ›espace vital‹ devient l’objectif premier de la politique étrangère du IIIe Reich.

Le 7 mars 1936, 30 000 soldats de la Wehrmacht traversent les ponts sur le Rhin et entament l’invasion allemande de la Rhénanie démilitarisée. Avec l’occupation d’une zone de 50 kilomètres de large, Hitler rompt à la fois le traité de Versailles de 1919 et le pacte de Locarno de 1925.

Les Jeux Olympiques ont lieu à Berlin.

Dans un décret du 27 novembre, Joseph Goebbels (1897-1945), en tant que Président de la Chambre de la culture du Reich, interdit toute forme de critique d’art, seuls les comptes rendus d’exposition seront tolérés.

1937

Biographie

Käthe Kollwitz lors de son 70e anniversaire, le 8 juillet 1937, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz célèbre son 70e anniversaire le 8 juillet 1937.

Œuvre

En Allemagne nazie, tous les projets d’exposition pour l’anniversaire de l’artiste échouent.

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Après l'interdiction de participer à l'exposition anniversaire de l'Académie des arts en 1936, la célèbre galerie Nierendorf de Berlin annule une exposition qui devait célébrer le 70e anniversaire de l'artiste.

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La dernière, la chose qui paraissait la plus certaine chez Nierendorf, [...] s’est maintenant envolée. Annulée - Toujours la même raison. J’ai du mal à me faire à l’idée d’être réduite au silence, alors qu’autrefois ma participation était recherchée. Je finirai bien par comprendre.«
Kollwitz, Lettre à Anni Karbe du 13 février 1937, in: Ich will wirken in dieser Zeit, 1981

La Chambre des Beaux-Arts du Reich interdit à la librairie Karl Buchholz à Berlin d’accueillir l’exposition Kollwitz. Les visiteurs particuliers peuvent quand même voir l’exposition en passant par un escalier caché derrière un rideau.


Kollwitz montre une soixantaine d’estampes dans son atelier de la Klosterstraße.

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Librairie-galerie Jake Zeitlin, 1937, Photograph inconnu, © Courtesy Eric Lloyd Wright

Aux États-Unis, en revanche, l’intérêt pour les œuvres de Kollwitz ne cesse de croître. En 1937 et 1938, des galeries à New York et à Los Angeles présentent son travail.


August Klipstein (1885-1951), marchand d’art bernois et auteur du premier catalogue raisonné de l’œuvre gravé de Käthe Kollwitz, convainc le galeriste Hudson Walker (1907-1976) d’exposer ses estampes à New York. À Los Angeles, le libraire Jake (Jacob) Zeitlin (1902-1987) organise une petite exposition itinérante.

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À partir de 1938, d’autres marchands d'art commencent à défendre l’œuvre de Kollwitz aux États-Unis, dont Curt Valentin (1902-1954) de la Buchholz-Gallery à New York et, à partir de 1943, Otto Kallir (1894-1987), directeur de la Galerie St. Etienne à New York.


Avec leur soutien, des musées et des collectionneurs américains comme Lessing J. Rosenwald (1891-1979) réunissent de grandes collections Kollwitz.

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C’est bien sûr un grand bonheur pour moi qu'en Amérique, il semble y avoir une place pour mon travail. C’était bien sûr un peu déprimant de se voir déjà considérée comme morte ici, ou plus précisément comme non autorisée à vivre. Vous ignorer et rester silencieux est la méthode de choix. Maintenant, quelque chose refleurit là-bas, ce qui me réjouit.«
Käthe Kollwitz, Lettre à Mme Dr. Löhnberg du 6 mai 1937, in: Briefe der Freundschaft

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Encouragée par les premiers succès de ses expositions aux États-Unis, Käthe Kollwitz reprend le travail sur sa série de gravures »Mort«, qu’elle avait abandonnée depuis 1934.

Käthe Kollwitz, Mère avec deux enfants, original 1932-1936, copie de Fritz Diederich, 1949, calcaire coquillier, Berlin, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

L’artiste demande au sculpteur

Erich Geiseler (1901-1983)Leo von König (1871-1944)

de réaliser »Mère avec deux enfants« (Seeler 29) en calcaire coquillier dans la cour de l’atelier communautaire de la Klosterstraße. Kollwitz finance cette œuvre grâce aux fonds fournis à cet effet par son ami, le peintre

. Cette version en pierre sera perdue pendant la Seconde Guerre mondiale.


En 1949, le premier magistrat de Berlin-Est fait sculpter une copie en calcaire coquillier par Fritz Diederich (1869-1951) et la fait ériger sur la Kollwitzstraße, à l’endroit de l’immeuble habité par l'artiste et détruit en 1943.

Käthe Kollwitz, L’adieu aux soldats II, 1937-38, bronze, Seeler 32, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Après l’achèvement de »Mère avec deux enfants«, elle produira de 1937 à 1943 principalement de petites sculptures, car, selon l'artiste, elles n’encombreraient pas ses héritiers, coûtaient peu, pouvaient être réalisées dans n’importe quelle pièce et n'excédaient pas ses forces.

Kollwitz travaille en partie en même temps sur la 2e version de »L’adieu aux soldats« (Seeler 32), la »Tour des mères« (Seeler 35) et la »Pietà« (Seeler 37).

Histoire

La ville espagnole de Guernica est bombardée par l'armée de l'air allemande.

L’exposition d’»art dégénéré« s’ouvre à Munich.

1938

Biographie

Le 27 octobre, Käthe Kollwitz se rend à Güstrow pour les obsèques de Ernst Barlach (1870-1938).

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Le hasard a voulu que j’entre avant les autres dans sa maison et dans son atelier. [...] Le cercueil était exposé au milieu de la pièce : luxe, solennité, tapis noir et drap mortuaire blanc. Barlach était tout petit. Il était allongé la tête totalement penchée sur le côté – comme s’il voulait se cacher. Les bras tendus, les mains l’une à côté de l’autre, toute petites et décharnées. Tout autour, au mur, ses figures muettes. [...] et au dessus, le masque de l’ange de la cathédrale de Güstrow.«
Käthe Kollwitz, Journal, octobre 1938

À Güstrow, elle rencontre l'ami de Barlach Hermann F. Reemtsma (1892-1961). Le marchand d'art et mécène tente de la soutenir dans les années suivantes en acquérant nombre de ses dessins à la Galerie Buchholz de Berlin, et jette ainsi les bases de son importante collection Kollwitz.

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L'artiste est profondément bouleversée par les événements de la nuit de Cristal.

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J'étais dans mon atelier de la Klosterstraße - en 1938 - pendant que se déroulait le pogrom. De là, je suis allée dans la Königstraße, où le désastre avait déjà eu lieu. Quand je suis rentrée, Karl était sorti aussi, il s’était rendu dans le quartier juif. C'est l'une des pires choses que j'ai vécues, Karl m'a raconté ce qu'il avait vu. Parfois, il devait s’arrêter de parler.«
Käthe Kollwitz, Journal, Des années 1914 au au grand bouleversement 1933 (1943)

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Œuvre

Käthe Kollwitz, Lamentation, 1938-1941, bronze, Seeler 38, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Après les funérailles de Ernst Barlach (1870-1938), elle dessine de mémoire le mort exposé dans son cercueil. Elle exprime aussi sa tristesse dans son relief en bronze »Lamentation« (Seeler 38) qu'elle achèvera en 1940.

Friedrich Bursch, d’après Kollwitz, pierre tombale avec relief pour Franz Levy, 1938, marbre, cimetière juif, Cologne-Bocklemünd, photographe : Annette Seeler © Käthe Kollwitz Museum Köln

L'artiste est chargée de concevoir la »Pierre tombale de Franz Levy« (Seeler 34B) au cimetière juif de Cologne-Bocklemünd.
Franz Levy (1892-1937) était membre du conseil d'administration du groupe de grands magasins Leonhard Tietz AG, basé à Cologne. En tant que juif, il doit quitter l'entreprise en 1934 et fonde sa propre société de conseil économique avant de mourir en 1937. Ses deux fils Helmut et Henry sont emmenés en Grande-Bretagne en 1938 par l'un des convois d'enfants, sa fille Marlies et son épouse Doris y émigrent également en 1939.
Malgré la persécution croissante des juifs, Kollwitz peut exécuter la commande passée par sa veuve, Doris Levy.

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Le motif des mains qui s’enlacent, rédige-t-elle en décembre 1938, évoque »le sentiment indissoluble de solidarité«. Concernant le pogrom du 9 novembre, elle écrit aussi:

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J'ai pensé à vous à plusieurs reprises chère Mme Levy, non seulement mes pensées allaient vers la tombe, mais aussi vers vous. Croyez-moi, nous souffrons tous ensemble et profondément. Nous ressentons douleur et honte. Et de l'indignation.«
Käthe Kollwitz, lettre à Doris Levy du décembre 1938, in: Kollwitz, Catalogue raisonné de l’œuvre sculpté

Le relief en plâtre est exécuté en pierre par le tailleur de pierre Friedrich Bursch de Hambourg, qui avait déjà travaillé sur le mémorial de Hambourg de Barlach en 1931.


En 1937 déjà, Bursch avait retravaillé la sculpture en calcaire coquillier de »Mère avec deux enfants« qui sera détruite pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Histoire

L’Anschluss voulu par les nazis allemands et autrichiens en mars conduit à l’annexion de l’état fédéral autrichien par le Reich allemand.

En octobre 1938, les accords de Munich aboutissent à la cession du territoire des Sudètes à l’Allemagne.

Le 9 novembre, la persécution des juifs avant la Seconde Guerre mondiale atteint son point culminant au cours de la nuit de Cristal. S’ensuit une discrimination et une ségrégation des juifs sans précédent.

Avec l’action »Art dégénéré« à Berlin, des œuvres peuvent être expropriées immédiatement et sans compensation.

1939

Biographie

Dr. Karl Kollwitz, avril 1939, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Karl Kollwitz (1863-1940) doit abandonner la pratique de la médecine pour des raisons de santé.

Histoire

Après l'annexion des Sudètes et de certaines parties de la Slovaquie par le Reich en 1938, les troupes allemandes occupent le reste du territoire tchèque en mars 1939, après l’opération militaire Démantèlement du reste de la Tchéquie.

L’attaque allemande contre la Pologne déclenche la Seconde Guerre mondiale le 1er septembre.

1940

Vita

Käthe Kollwitz, Dr. Karl Kollwitz, vers 1938/39, pierre noire sur papier Ingres, NT 1280, collection Kollwitz Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Karl Kollwitz (1863-1940) meurt le 19 juillet.

Peter Kollwitz (1921-1942), petit-fils de l’artiste, est mobilisé par la Wehrmacht pour la campagne de France.

Käthe Kollwitz quitte son atelier de la Klosterstraße pour des raisons de santé.

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J’ai quitté mon atelier de la Klosterstraße [...] et l’ai installé dans mon appartement. C’est ce qu’il fallait faire dans mon état actuel. Car j’ai perdu une grande partie de mes forces - je ne marche dans la rue qu’avec une canne - je ne pouvais plus me rendre à l’atelier que de temps en temps. Ici, à la maison, où l’atelier est aussi la chambre, où tout ce dont j’ai besoin est rassemblé à portée de main, toutes les demi-heures, quand je me sens assez fraîche pour le faire, je peux reprendre le travail.«
Käthe Kollwitz, Lettre à Sella Hasse du 10 mai 1941, in: Tagebuchblätter und Briefe

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Clara Stern (née en 1890), nièce de Georg Stern, le défunt mari de sa sœur Lisbeth, vit dans l'appartement familial de la Weißenburgerstraße depuis la mort de Karl Kollwitz et s'occupe de l'artiste.

Œuvre

Käthe Kollwitz, Adieu, 1940/41, bronze, Seeler 39, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

De 1940 à 1941, elle façonne la petite sculpture »Adieu«, (Seeler 39).
Sentant que la fin de son mari Karl Kollwitz (1863-1940) est proche (depuis une grave maladie en 1939, ses forces ont sensiblement diminué), l’artiste a commencé à travailler sur le groupe en bronze en février 1940 et le terminera début avril 1941.
La fonte de la petite sculpture, comme presque tous les autres bronzes de l’artiste depuis 1940, est réalisée à la fonderie Noack à Berlin-Friede

Fritz Diederich d’après Käthe Kollwitz, pierre tombale de Kurt Breysig, 1941-43, calcaire coquillier, cimetière de Bergholz-Rehbrücke près de Potsdam, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Dans le même temps, l’artiste travaille sur la commande d’un relief pour la tombe de Kurt Breysig (1866-1940).
Gertrud Breysig, la veuve de l’historien (que les fils de l’artiste appréciaient grandement à l’époque des mouvements de jeunesse avant la Première Guerre mondiale) passe une commande à Kollwitz après la mort de son mari en 1940. Le relief en plâtre est achevé à la fin de 1941.
Le sculpteur Fritz Diederich (1869-1951), qui a déjà transposé en pierre la »Mère« du mémorial »Parents en deuil« pour Kollwitz, est chargé de la réalisation en pierre du relief en 1943.

Histoire

La campagne de France s’achève en mai 1940 par la capitulation des Pays-Bas le 15 mai, de la Belgique le 28 mai et par la division de la France en deux zones (occupée et non occupée) le 26 juin.

Toujours en mai 1940, la SS construit le camp de concentration d'Auschwitz en Pologne.

En juin 1940, les alliés lancent les premiers raids aériens sur Berlin.

1941

Biographie

Käthe Kollwitz voit ses revenus s’effondrer. Elle est sans ressource, à part les 120 marks que lui envoie chaque mois son éditeur Alexander von der Becke (1902-1958) pour la signature des estampes, jusqu’à la fermeture de sa maison d'édition par la Gestapo.

L’artiste rédige le texte autobiographique »Rückblick auf frühere Zeit« (Retour sur mon passé).

Œuvre

Käthe Kollwitz, Les graines de semence ne doivent pas être moulues, 1941, lithographie au crayon (report), Kn 274, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

La lithographie »Les graines de semence ne doivent pas être moulues«, (Kn 274), constitue le testament artistique de Käthe Kollwitz.
Avec ce titre, une citation des Années d'apprentissage de »Wilhelm Meister« de Goethe, l'artiste marque une nouvelle fois son opposition à la guerre.
La première fois en 1918, ce fut peu avant la fin de la Première Guerre mondiale, dans une lettre ouverte pour contrer Richard Dehmel et son Aufruf zum letzten Kriegsaufgebot (appel aux volontaires afin de poursuivre la guerre). En 1941, elle revisite ce thème dans deux sculptures et une lithographie.

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J’ai décidé encore une fois – pour la 3e fois – de reprendre le même thème et j’ai dit à Hans il y a quelques jours : finalement, ce sera mon testament: ›Les graines de semence ne doivent pas être moulues‹. Tristesse infinie pendant ces jours-là. [...] cette injonction n’est pas un souhait ardent comme ›Plus jamais la guerre!‹, mais un impératif. Une injonction.«
Käthe Kollwitz, Journal, décembre 1941

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Geschichte

Le 22 juin, l’invasion allemande de l’URSS est déclenchée sans déclaration de guerre.

Des juges nazis prononcent pour la première fois des condamnations à mort pour avoir écouté des émissions de radio étrangères.

1942

Biographie

Peter Kollwitz (1921-1942), petit-fils de l’artiste, 1941, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Le 22 septembre, le petit-fils le plus âgé de l’artiste, Peter Kollwitz (1921-1942), meurt en Russie.

Œuvre

Käthe Kollwitz réalise au cours de l’hiver 1941/42 sa dernière gravure, une lithographie: le »Portrait de Cläry Bartning« (Kn 275).

Histoire

Lors de la conférence de Wannsee du 20 janvier, la  solution finale de la question juive est adoptée, et signifie la déportation et le meurtre des juifs.

À partir du 20 avril, les femmes sont obligées de travailler dans les usines d’armement.

Le Führerbefehl (ordre du chef) devient la plus haute instance juridique.

1943

Biographie

Domicile à Nordhausen, vers 1943, photographe inconnu, succession Kollwitz © Käthe Kollwitz Museum Köln

Käthe Kollwitz accepte une invitation de la sculptrice Margret Böning (1911-1995) à Nordhausen, une petite ville de Thuringe que les raids aériens n’ont pas encore autant ravagée que Berlin.
Sa sœur Lisbeth Stern (1870-1963), sa fille Katharina (1897-1984) et Clara Stern (1890-?), une nièce de Georg Stern, se joignent à elle.

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Jusqu'à présent, je pensais que mon état physique rendait mon départ impossible, et maintenant je me demande si la possibilité existe. On m'offre un logement à Nordhausen [...] et ma sœur, à laquelle je suis très attachée, pourrait peut-être m'accompagner, je m’y oserais peut-être [...]. Je n'irais certainement pas, mais affronter la catastrophe finale de cette guerre ici, à Berlin, est tout aussi abominable. Il semble maintenant qu’il faille se précipiter vers les derniers macabres affrontements.«
Käthe Kollwitz, Lettre à Hanna Bekker vom Rath du 27 juillet 1943, Archives Hanna Bekker vom Rath

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L’immeuble où habitait les Kollwitz, détruit dans les raids aériens le3 décembre 1943, photographe inconnu © Archives du musée de Pankow

Le 23 novembre, l’immeuble sur la Weißenburgerstraße à Berlin, où l’artiste a résidé pendant longtemps, est détruit par des frappes aériennes. Le 3 décembre, l’immeuble de son fils Hans subit le même sort.
Beaucoup d'œuvres de l'artiste sont perdues dans l'appartement où elle a vécu 51 ans, notamment presque toutes ses premières peintures et de nombreux dessins. Des œuvres de l'artiste sont également détruites dans l’immeuble de son fils.
Dans les mois qui ont précédé, Margret Böning (1911-1995) et Clara Stern (1890-?) ont réussi à mettre en sécurité un grand nombre d’estampes à Nordhausen, que Käthe Kollwitz a ensuite classées et signées.

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Après avoir écarté de nombreuses feuilles, [...] ils restent encore beaucoup de bonnes œuvres qui sont maintenant toutes signées. [...] Tout ce qui porte ma ‘signature’ et qui est en relation étroite avec ma vie intérieure, je voudrais le voir préservé ; ceux que je considère, moi, comme des travaux ratés doivent être éliminés. Donc, il reste naturellement un ensemble relativement important, surtout quand on pense à tout ce qui est préservé ailleurs. On peut faire un parallèle avec ce qu'on m'a souvent dit: pourquoi faites-vous de si grands tirages de vos gravures ? [...] J'ai répondu: parce que je veux travailler pour un large public.«
Kollwitz, Lettre à Hans du 10 décembre 1943, in: Briefe an den Sohn

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Œuvre

Käthe Kollwitz, Deux femmes de soldat attendant, bronze, automne 1941 - été 1943, Seeler 43, collection Kollwitz de Cologne © Käthe Kollwitz Museum Köln

Avant de s'installer à Nordhausen, Kollwitz termine sa dernière petite sculpture »Deux femmes de soldats attendant« (Seeler 43).

Histoire

La défaite de la 6e armée allemande à Stalingrad pendant l'hiver 1942/43 marque le tournant de la guerre.

Le 18 février, le ministre de la Propagande du Reich Joseph Goebbels (1897-1945) proclame la guerre totale dans son discours du palais des sports.

Les résistants de la Rose Blanche, Hans Scholl (1918-1943) et Sophie Scholl (1921-1943), sont arrêtés le 22 février et condamnés à mort.

Le 19 avril, les prisonniers juifs du ghetto de Varsovie se révoltent pour résister à leur déportation vers les camps d'extermination.

Le 10 juin, les alliés lancent une offensive aérienne combinée. Les britanniques bombardent la nuit, les américains pendant la journée.

1944

Biographie

Le Rüdenhof à Moritzburg, côté jardin, 1967, photographe : Gerhard Döring © SLUB/Deutsche Fotothek

L’intensification des frappes aériennes sur Nordhausen l’oblige à un second déménagement. Le 20 juillet, Käthe Kollwitz accepte l’invitation du Prince Ernst Heinrich de Saxe (1896-1971) à Moritzburg près de Dresde. L’artiste occupe deux pièces dans le Rüdenhof.
Dès 1943, le prince avait déjà pris en dépôt un portfolio de dessins de Käthe Kollwitz.

Depuis 1995 (50e anniversaire de sa mort), le Rüdenhof est un lieu dédié à l’artiste sous le nom »Käthe Kollwitz Haus Moritzburg«.

Kollwitz subit un léger accident vasculaire cérébral et rédige des lettres d'adieu.

Œuvre

Tombeau de Reinhold Beck, Wilhelm Schönfeld, d’après la Pietà de Kollwitz, 1944, calcaire coquillier, cimetière du Waldfriedhof, Stuttgart-Degerloch, photographe : Hannelore Fischer © Käthe Kollwitz Museum Köln

Kollwitz accorde au collectionneur de Stuttgart Paul Beck (1887-1949) l'autorisation d’installer sa sculpture »Pietà« (1937-1937) sur la tombe de son fils Reinhold, mort des suites d'une blessure de guerre. Cette reproduction fait environ le double de l’original et est réalisée par le sculpteur de Stuttgart Schönfeld.

L'érection au Waldfriedhof de Stuttgart-Degerloch n'aura lieu qu'en 1948, trois ans après la mort de l'artiste.

Histoire

Le jour J, le 6 juin, le débarquement allié commence en Normandie.

Le 20 juillet, une tentative d'attentat contre Adolf Hitler échoue. La charge explosive déposée et déclenchée par Claus Schenk Graf von Stauffenberg (1907-1944) lors d’une réunion au quartier général du Führer (dont le nom de code était Wolfsschanze ou tanière du loup) ne blesse que légèrement le dictateur.

1945

Biographie

Dernière chambre de Käthe Kollwitz au Rüdenhof, été 1945, photographes: Erich Höhne, Erich Pohl © SLUB/Deutsche Fotothek

Käthe Kollwitz meurt le 22 avril à Moritzburg, quelques jours avant la fin de la guerre, au Rüdenhof à Moritzburg.

Après la mort de leur grand-mère, les jumelles Jördis et Jutta, qui avaient pris soin d’elle jusqu’à la fin, parviennent à sauver la plupart des estampes que l’artiste avait emmenées à Moritzburg.

Seuls quelques proches assistent à son enterrement le 24 avril dans le cimetière local. C'est après la fin de la guerre, le 23 novembre, que le corps de l'artiste est exhumé et transporté à Dresde pour y être incinéré. C'est là qu'a lieu, le 27 novembre, une cérémonie funéraire posthume à laquelle participent ses proches ainsi que des invités officiels. Le soir, Theodor Plivier (1892-1955), que Kollwitz connaît depuis longtemps, lit au théâtre municipal pour les invités en deuil un extrait de son roman Stalingrad qui vient d'être achevé.
Selon son souhait, Käthe Kollwitz repose au cimetière central de Berlin-Friedrichsfelde, où elle est inhumée dans la tombe familiale.

Histoire

Le 8 mai le grand état-major de la Wehrmacht signe la capitulation sans condition de l’Allemagne, scellant ainsi la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Adresse

Käthe Kollwitz Museum Köln

Neumarkt 18-24 / Neumarkt Passage

50667 Köln

+49 (0)221 227 2899

+49 (0)221 227 2602

Horaires d’ouverture

Du mar au dim

de 11h à 18h

Jours fériés

de 11h à 18h

Premier jeu du mois

de 11h à 20h

Lun

fermé

Veuillez noter

Notre musée va devenir plus vert ! En raison des mesures de construction énergétiques nécessaires à cet effet, les salles d'exposition du Käthe Kollwitz Museum Köln seront temporairement fermées.

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