Eau-forte, pointe sèche, émeri et vernis mou avec impression de papier vergé et de papier report de Ziegler, Kn 81 VIII a
Pendant son travail sur la sixième planche du cycle »Guerre des paysans«, Käthe Kollwitz a développé dans plusieurs dessins pour »Femme avec enfant mort« une feuille qu’elle n’utilisait finalement pas dans le cycle, mais s’en servira pour la lithographie polychrome »Pietà« (Kn 77, voir ci-dessous) et pour cette eau-forte, publiée isolément. Les deux comptent parmi les images les plus saisissantes créées par l’artiste.
Comme elle le confirme dans une lettre à Arthur Bonus, les modèles de ces compositions sont son fils cadet Peter et elle-même:
Quand il avait sept ans et que j'ai fait l’eau-forte ›Femme avec enfant mort‹, je me suis dessinée devant un miroir, le tenant dans mes bras. C’était épuisant et je devais geindre. Et de sa voix d’enfant il disait sur un ton rassurant: Silence, mère, ce sera très beau...«
Arthur Bonus, Das Käthe-Kollwitz-Werk, 1925
Hans Kollwitz, le fils aîné de l’artiste, associait la mort de son petit frère Peter pendant la guerre à ces deux séries d'images :
Je demande à maman d’où elle tenait, avant la guerre, son expérience de mère avec un enfant mort, qui se retrouve dans presque toutes ses œuvres de cette période. Elle pense qu’déjà à cette époque, elle avait l’intuition de la mort prochaine de Peter. Elle travaillait sur ces images en pleurant.«
Hans Kollwitz, Briefe der Freundschaft und Begegnungen, 1966
Käthe Kollwitz, Femme avec enfant mort, 1903, fusain sur papier Ingres jaunâtre, NT 234a
Käthe Kollwitz, Pietà, lithographie en couleur, 1903, Kn 77
Käthe Kollwitz, Une femme et son fils mort, 1903, pierre noire, NT 247