Mère protégeant son enfant I+II, 1941
Bronze, Seeler 41 I.B.1. + 42 I.B.1.
Comme pour beaucoup de sculptures de Kollwitz, le thème des deux reliefs relève du registre de la protection. Créés en pleine Seconde Guerre mondiale, ils sont à la fois une nouvelle et la dernière évocation de ce thème.
Ce motif des mères protégeant leurs enfants contre toutes sortes de dangers a été utilisé à plusieurs reprises par l’artiste dans ses gravures et ses sculptures. Plus encore que dans la gravure sur bois »Les Mères« de la série »Guerre«, ou dans la »Tour des Mères«, ou encore dans la célèbre lithographie »Les graines de semence ne doivent pas être moulues«, le corps et la vie-même des enfants représentés ici semble exposés à un péril imminent. L’enfant en pleurs et le regard apeuré de la mère sur le premier relief suggèrent même un danger de mort. Cela est encore plus évident avec le dessin qui servit probablement d’ébauche pour la gravure sur bois »Mère protégeant ses enfants menacés« (1922/1923), que Kollwitz avait intitulé »Sous les bombes«.
Dans les registres de la fonderie Noack, où Kollwitz a fait réaliser les fontes en zinc des reliefs, ceux-ci sont intitulés »Sous les bombes«, certainement suivant les indications de l’artiste. Elle reprend ainsi un motif déjà utilisé au lendemain de la Première Guerre mondiale et l’associe à la situation du moment à Berlin: les raids alliés et la peur de la mort partagée par toute la population qui, comme Käthe Kollwitz, trouve refuge dans les abris anti-aériens.
Même si la composition du second relief est plus paisible, il a été créé en même temps et est clairement conçu comme un pendant du premier. Ils se répondent par leur taille quasi identique et l'orientation du profil de la mère, à droite sur l’un, à gauche sur l’autre.
Käthe Kollwitz, Les Mères, planche 6 de la série »Guerre«, 1921/1922, gravure sur bois, Kn 176 III
Käthe Kollwitz, »Les graines de semence ne doivent pas être moulues«, 1941, lithographie au crayon, Kn 274
Käthe Kollwitz, Mère protégeant ses enfants menacés, 1922/1923, pinceau et encre noire, NT 960