Eau-forte, pointe sèche, émeri, réserve au sucre, et vernis mou avec impression de textile et de papier report de Ziegler, Kn 101 VIII a
La deuxième étape de la narration en images a également pour but, par une intensification des émotions du spectateur, de lui faire comprendre la nécessité de transformer la condition paysanne. Les paysans n’ont aucun droit, sont sans défense et donc à la merci de l’arbitraire. La deuxième planche du cycle l’illustre de façon dramatique. Il montre une paysanne violée, allongée dans son jardin dévasté. Sa petite fille regarde par-dessus la clôture du jardin le corps sans vie de sa mère. Le traitement du thème, rarement évoqué dans les arts visuels vers 1900, est frappant par la représentation très crue de la victime et la reproduction exacte du jardin. Les plantes piétinées symbolisent la vie ruinée de la femme.
Tout ce qui vivait a dépéri. Sans égard pour autrui, les seigneurs privent les paysans et leurs femmes de leur dignité, laissant derrière eux la mort et la destruction. Cela ne peut que soulever l’indignation du spectateur. Il est impressionnant que Käthe Kollwitz, en tant que femme dans un empire conservateur, ait eu le courage et la confiance en soi de s'emparer de ce thème et de le traiter ainsi.
Une esquisse de la composition NT (443a), qui n’est réapparue que récemment, traite beaucoup plus narrativement du sujet. Les deux filles de la fermière sont debout devant son corps sans vie. La plus âgée jette un coup d'œil à l'intérieur de la maison dont la porte battante a été partiellement arrachée, tandis que la plus jeune, apeurée, se serre contre sa sœur en regardant sa mère avec horreur.
Comme pour »Les Laboureurs«, dans la version finale, Käthe Kollwitz se concentre sur le personnage principal et le place au centre de la composition.
Käthe Kollwitz, Agressée, esquisse pour Violée, 1901/02, mine de plomb sur papier vergé, NT (443a)